«Mieux vaut être premier chez soi, que second à Rome» Adage français Alors que le Qatar est donné comme exemple, de pays qui a enfanté la télévision la plus libre du monde arabe, ce qu´on ne dit pas, est que même si le Qatar a ouvert son champ audiovisuel, il a, en contrepartie, fermé son champ médiatique, c´est ce que révèle le pamphlet intitulé Mirages et cheikhs en blanc, écrit par Robert Menard, ancien directeur de RSF et ex-directeur du Centre Doha pour la liberté d´information, écrit en collaboration avec Thierry Steiner, journaliste de RFI. Le livre révèle notamment, que malgré la présence de la télévision arabe la plus libre, le Qatar possède une presse écrite aussi fermée que certains pays de la région. C´est un peu la différence avec l´Algérie, qui possède l´une des presses écrites les plus libres du monde arabe, aux côtés d´un champ audiovisuel fermé au privé. Au Qatar, il n´existe que sept quotidiens arabophones et anglophones et qui pratiquent l´autocensure, contre 70 quotidiens algériens. 95% des journalistes et collaborateurs sont étrangers. Les journalistes arabes et, notamment maghrébins, travaillent pour la plupart dans les journaux El Watan et El Aarab. Jusqu´à 2009, les directeurs de publication qataris confisquaient les passeports de leurs employés étrangers durant tout le séjour au Qatar. Mais depuis, un décret de l´émir du Qatar a rendu cette pratique illégale. Jusqu´au 1995, des agents du ministère de l´Information sont placés au sein de toutes les rédactions pour censurer les articles contraires aux intérêts de l´Emirat. Cette pratique a été supprimée après la disparition du ministère en question. Certains directeurs de journaux possèdent même des propriétés immobilières dans lesquelles ils hébergent gratuitement les journalistes recrutés, ce qui oblige ces derniers à respecter strictement les lignes rouges placées par les responsables des journaux qataris. Ce la n´empêche pas quelques licenciements: c´est le cas de la journaliste néo-zélandaise, Rachel Morris, qui fut licenciée du quotidien anglophone Peninsula en 2008 ou encore cette journaliste indienne, Ashwin, qui a été licenciée après quelques jours de son recrutement. Al Jazeera qui critique souvent l´absence de liberté de presse dans les pays arabes ou l´absence de champ audiovisuel dans les pays maghrébins et plus particulièrement l´Algérie, oublie de parler de l´absence totale de liberté d´expression dans la presse écrite qatarie ou parfois quelques dépassements dont font l´objet certains journalistes étrangers. Cette situation semblable dans les autres pays du Golfe comme aux Emirats arabes unis ou encore en Arabie Saoudite. Ces pays qui possèdent des actions dans la majorité des journaux indépendants libanais, ont préféré ouvrir leur champ médiatique en dehors de leurs frontières et principalement en Angleterre, où l´obtention des agréments et autorisations pour des journaux indépendants est plus souple et facile. Ainsi, l´Arabie Saoudite qui ne possède aucun média audiovisuel ou médiatique dans la péninsule arabique, se retrouve propriétaire des principaux quotidiens et télévisions arabes sur l´Ile de la Grande-Bretagne: la chaîne Al Arabya, MBC ou encore Al Shark el Awsat, El Qods ou Al Nasr. Aujourd´hui, aucun journaliste ou journal qatari ou saoudien n´osera critiquer, le bilan d´un haut responsable de l´Etat ou d´un ministre et encore moins dénoncer les affaires de corruption impliquant des cadres de leur pays. Ceci n´arrive qu´en Algérie, en attendant bien sûr, l´ouverture totale avec l´audiovisuel. [email protected]