«Je te prête de l´argent mais viens acheter chez moi» D´après Peter Ustinov dans Geopolis Après le football, la fiction est venue s´ajouter à l´épineux problème des droits d´image des drames syriens durant ce mois sacré de Ramadhan. L´Entv, qui a demandé les droits de diffusion au producteur du feuilleton Dakirat Al Jassad, produit par la chaîne Dubai TV, a été confrontée au même probleme qu´avec Al Jazeera Sport. En effet, les responsables de la télévision publique émiratie out exigé de l´Entv de diffuser le feuilleton dramatique adapté de l´oeuvre de la romancière algérienne Ahlem Mostaghanemi, sur le canal terrestre, gardant l´exclusivité satellitaire sur Dubai TV. Comment une oeuvre littéraire majeure d´une romancière algérienne reconnue en Algérie a-t-elle été récupérée par une télévision émirati, confiée à une production syrienne, puis revendue à la télévision algérienne à coups de millions de dollars? Ainsi Dubai TV qui applique la dure réalité commerciale du marché audiovisuel arabe s´appuie sur son statut comme le détenteur premier et exclusif d´une oeuvre algérienne. Visiblement, Ahlem Mostaghanemi, sachant qu´elle ne recevra que des miettes en Algérie, a préféré vendre les droits de son oeuvre au plus offrant avec une garantie salutaire que son oeuvre ne sera ni froissée ni abîmée. Depuis 1974 et le feuilleton El Harik, lorsque Mustapha Badie avait magistralement adapté deux oeuvres majeures de la bibliographie de Mohamed Dib L´Incendie et La Grande Maison, la dramatique algérienne n´a plus connu de succès. A cette époque non satéllisée, ce sont les Marocains et les Tunisiens qui se battaient pour regarder les épisodes dramatiques de Lala Aïni. A cette époque aussi les techniciens de l´Entv ou la RTA, avaient encore la maîtrise française de la mise en scène et même s´ils ne gagnaient pas des millions de dollars comme les Syriens aujourd´hui, le feuilleton El Harik était produit et réalisé par des techniciens, des comédiens locaux. L´Algérie avait, depuis, perdu ses repères artistiques d´une meilleure oeuvre audiovisuelle. Si on pense qu´en déboursant 11 milliards de centimes pour une comédie musicale, qui va inéluctablement mourir dans la grille nationale de l´Entv, on va retrouver ce 7e art d´antan, on se trompe! L´audiovisuel est avant tout une étude de marché, des besoins techniques bien définis et surtout une équipe artistique rodée et qui accumule les expériences internationales. Si les Syriens nous on dépassé aujourd´hui, ce n´est sûrement pas avec l´argent du pétrole ni par la création, mais le travail aux côtés des techniciens anglais et des figurants et techniciens marocains. Les réalisateurs syriens ont d´abord réussi à booster leur production audiovisuelle nationale entre 96 et 98 avec des oeuvres comme Al Kawasir, Al Jawarih et Al Bawassil. Ces feuilletons dignes de Conan le Barbare de Dino Di Laurentis, ont été réalisés par un certain Najdat Isamaïl Anzour, qui a réalisé justement l´oeuvre d´Ahlem Mostaghanemi Dakirat Al Jassad...pour Dubai TV et l´Entv. Aujourd´hui Najdat Isamaïl Anzour est considéré comme le Ridley Scott arabe, et de par son expérience et son statut, il n´est dans les cordes d´aucun producteur algérien. Et la question qui se pose souvent: Pourquoi aujourd´hui il n´y a plus un Mustapha Badie pour nous faire des feuilletons comme El Harik, avec la voix pénétrante de Abdelkrim Guetari et la musique envoûtante de Lamine Bechichi. Là est la mission impossible de réhabilitation artistique du produit audiovisuel algérien. [email protected]