«La vie est une tragédie pour celui qui sent et une comédie pour celui qui pense» Jean de La Bruyère Il y a quelques jours, Farida Krim, plus connue sous le nom de Khalti Boualem, l´ancienne égérie du sitcom Djemaï Family, avait lancé dans la presse un pavé dans la mare: «Si la télévision n´a pas de bons programmes, vaut mieux présenter les anciens programmes en noir et blanc de l´ancienne Ortf.» Et l´idée n´est pas fausse, car l´Entv rediffuse quotidiennement déjà depuis le début du Ramadhan, vers 2h du matin sur la Chaîne A3, les anciens sketchs algériens en noir et blanc des années 1950 et 1960. Des productions qui étonnent par leur qualité scénaristique, mais aussi par l´excellent jeu de composition de certains anciens comédiens, aujourd´hui malmenés dans des sitcoms de bas de gamme. La majorité de ces comédiens travaillaient à l´Ortf (Office de radio et la télévision algérienne) dont certains locaux étaient situés, à l´époque, au niveau du Palais du gouvernement. Ces comédiens algériens n´ont pas été formés dans de grandes écoles de la Comédie française, mais dans des troupes locales qui avaient été créées pour plusieurs raisons. Des raisons culturelles, identitaires et surtout nationalistes ont conduit plusieurs d´entre-eux à faire partie des premiers maillons du militantisme politique du PPA et du Mtld et du FLN ensuite. Parmi eux, Bachtarzi, Touri, Mustapha Kateb ou encore Rouiched, Mohamed Hilmi, Ali Abdoun, Mohamed Ouaniche, Abderahmane Aziz, Keltoum, Ali Abdoune, Farida Saboundji et même Sissani et surtout Hassen El Hassani et Hadj Abderahmane, plus connu sous le nom de l´Inspecteur Tahar. Ces comédiens ont participé avec leur talent à la création de productions qui demeurent, à ce jour, des joyaux de la comédie algérienne. En plus de la comédie bien huilée qui a attiré notre attention, il y a aussi la réalisation très soignée de quelques réalisateurs qui aujourd´hui, ont perdu leurs atouts artistiques et le sens de la créativité. Ainsi, on découvrira avec une grande satisfaction d´anciennes oeuvres signées par Hadj Rahim, Djamel Bendedouche, Moussa Haddad ou encore Mohamed Hilmi. Malheureusement, si on compare aujourd´hui, les productions de certains de ces réalisateurs, on constante avec dépit, que la majorité a régressé dans la qualité de leurs productions et ils ne se soucient guère de défendre une réputation qu´ils avaient chèrement acquise. Même cas de figure pour certains comédiens qui ont bradé leur réputation en acceptant de jouer dans des productions médiocres, sans âme et sans vision. Pourquoi en sommes-nous arrivés là? Quand on voit les anciennes productions faites par le grand Hadj Rahim, que ce soit la «caméra cachée» ou la fiction, on s´étonne de la qualité artistique qu´on nous sert chaque soir après le ftour avec ce sitcom ennuyeux, qui est devenu par la force une vraie pâle copie du médiocre Souk Hadj Lakhdar. Pour le gain de l´argent, certains anciens metteurs en scène choisissent de bâcler leurs productions que de prendre leur temps et offrir une oeuvre majeure, qui fait honneur à leur nom et leur parcours. Le cas de Mohamed Lakhdar-Hamina devrait inspirer beaucoup. Il vaut mieux stopper sa carrière sur une Palme d´Or, que de l´effacer avec un sitcom chorba. [email protected]