A mi-parcours, que retenir de la compétition. Avec Swimming Pool, François Ozon a déçu les admirateurs de 8 . Il semble comme son personnage, Sarah Morton, auteur british de polars à succès, en panne d'inspiration. La rencontre, dans une villa du Lubéron en France, entre cette vieille fille frustrée et Julie, la fille de son éditeur, qui croque la vie à pleines dents, est très convenue. Charlotte Rampling et Ludivine Saignier, malgré leur talent, ne sauvent pas le film du naufrage. L'histoire se noie dans la piscine de cette villa de dépliant touristique. La faveur de la presse va d'abord à Eléphant de Gus Van Sant (4 palmes par la critique qui note tous les jours les films) qui reprend un fait divers sanglant déjà relaté dans Bowling for Colombine de Michael Moore. Le massacre dans un lycée d'élèves et de leurs professeurs par deux camarades de classe armés jusqu'aux dents. Un art consommé du montage et une mise en scène épuré (les mêmes scènes vues sous différents angles et par différents protagonistes de cette journée) en font un film choc pour tenter de comprendre comment deux adolescents tranquilles peuvent basculer dans la folie et dénoncer la vente libre des armes (les deux ados ont acheté leurs fusils d'assaut par Internet). C'est Dogville de Lars von Triers (6 palmes) qui fait pour l'instant l'unanimité. Déjà Palme d'Or en 2000 avec Dancer in the Dark et Grand prix du Festival en 1996 avec Breaking the Waves, il récidive avec une oeuvre originale inspirée par le dramaturge Bertolt Brecht et de photos prises durant la grande dépression américaine. Une belle fugitive (elle est poursuivie par des gangsters) qui se réfugie à Dogville, est tout d'abord bien accueillie par les habitants. Mais au fur et à mesure leur compassion et leur bonté se transforment en méchanceté et en tyrannie. Grâce devient leur esclave jusqu'à finir enchaînée. Mais la divine Grâce (Nicole Kidman exceptionnelle) gardait un secret qui coûtera cher à tous les habitants de Dogville. Avec un dispositif extrêmement simple (tout se passe dans un grand espace nu où les maisons sont délimitées au sol à la craie comme une ville à ciel ouvert), Lars Von Triers sondent les mystères de l'âme humaine qui transforment un être bon en bourreau. Un casting remarquable complète la distribution: Ben Gazarra, Lauren Bacall, Paul Bettany, Harriet Anderson, Tom Hurt...Dogville c'est sûr marquera le festival 2003. Le film italien de Pupi Avati Il Cuore Altrove, sur la découverte de la sexualité (et la sensualité) d'un professeur de 35 ans, au début du siècle passé, a un petit côté désuet, qui fait qu'on a du mal à s'intéresser à ce cinéma qui sent la naphtaline. Carandiru d'Hector Babenco traite de la violence dans les prisons brésiliennes. Mais sa mise en scène est trop académique et trop peu inspirée pour retenir l'attention. Il reçoit les plus mauvaises notes par la presse. Le temps du loup de l'Autrichien Micheal Hanneke remporte dès à présent le prix du film le plus sifflé. Dans un pays européen, des événements se sont produits dont nous ignorons la nature. Le résultat est que des gens se retrouvent sur les routes à la recherche d'un train pour la ville. Il n'y a plus d'eau, plus de vivres, plus d'autorités. Ils se rassemblent dans un hangar à proximité des voies ferrées. Et bien sûr c'est la loi de la jungle. Les plus forts dominent les plus faibles, le racisme et l'égoïsme s'installent. C'est toujours l'étranger le voleur. Mais sa mise en scène est trop glauque pour remporter l'adhésion. La grande pointure maintenant attendue en compétition est Clint Eastwood. Mystic River fait déjà saliver les cinéphiles car de Pale Rider à Impitoyable en passant par La route de Madison, le grand Clint a toujours su surprendre. Nous y trouverons Sean Penn et Tim Robbins sur la liste noire d'Hollywood pour s'être opposés à la politique de Bush.