Beaucoup de très jeunes détenus, dont la moyenne d´âge est de vingt-trois ans, comparaissent pour un cambriolage en plein jour... Une dame de la région de Koléa est cambriolée. Elle dépose plainte et déclare près d´un milliard de centimes en bijoux. La police judiciaire passe à l´action et, très vite, les présumés voleurs et receleurs qui se seraient partagés, outre le produit de la revente des bijoux, près d´un milliard de centimes, sont devant Hadj Rabah Barik, le président de la section correctionnelle du tribunal de Koléa (cour de Blida). Et surprise! Le procès se tient en flagrant délit! Oui, surprise, car généralement on nous avait habitués à suivre ce genre de délits en... instruction. Onze inculpés, dont un est en état de fuite sont au box, attendant d´être entendus par un Barik en superforme, juste après les fêtes de l´Aïd El Kebir. Les avocats eux, au nombre de seize, attendent, eux aussi, de passer à l´action. Il y a ceux qui sont mécontents pour le piétinement des procédures. Il y a ceux qui s´en remettent au seul respect de la loi. Il y a enfin ceux qui sont venus carrément voir leurs mandants revenir chez eux, car les faits sont clairs et nets. C´est là un sombre dossier qui attend Barik, lequel avait renvoyé les débats il y a déjà une semaine en refusant l´octroi de la liberté provisoire aux inculpés détenus, surtout que la majorité d´entre eux risque gros, car les faits sont graves. Graves, dans la mesure où les bijoux et le fric se sont volatilisés, partagés entre les uns et les autres. Et c´est la mission principale du tribunal d´arriver à la vérité et au «qui a fait quoi et quand». Le commentaire ne sera connu qu´en répondant «aux quoi et qui» que balancera le tribunal. La victime, elle, attend beaucoup de ces débats. Elle attend beaucoup, surtout, nous a-t-on confié, qu´elle se mord les doigts et les lèvres pour avoir laissé une fortune à la maison, tournant le dos à la banque, ce lieu sûr...L´inculpé principal a tout raconté dans le détail: «J´ai pris un café et vingt minutes après, j´ai vu la dame sortir avec les fillettes», dit-il avant de faire dans le détail du comment il a cassé, il a brisé les barreaux comment il s´était blessé, comment il était monté au premier étage, comment il a cherché, farfouillé et trouvé trois coffres.» Puis, il a décrit de quelle manière il avait pris la précaution de tout mettre dans un seul coffre, brûlé les reçus Sonelgaz qu´il avait touchés et donc avait craint les empreintes digitales. Il n´a cependant pas dit comment il a pris contact avec les deux autres inculpés chargés de revendre les bijoux et non plus comment il a eu l´idée de jouer au bon samaritain, offrant des sommes mirobolantes aux autres complices (Benamara et Tifoura). Il a cependant nié connaître les receleurs notamment ceux de Dar El Beïda. Ce qui est certain pour le tribunal, c´est qu´il y a eu complicité émanant même d´un proche de Dahbia, la victime qui désespère d´avoir tout perdu... oui hélas, trois fois. Pour probablement pallier à la bévue qui a vu le procès des «dix inculpés de vol et recel, association de malfaiteurs», se dérouler en flagrant délit, Hadj Rabah Barik a dû sacrifier beaucoup de temps à aller au-devant d´une très longue instruction en vue de tirer au clair les tenants et aboutissants de cette affaire. Cette affaire qui aura vu la bêtise des gens qui ne croient pas à l´impondérable. Une victime, qui était toute retournée que ce fut le propre cousin de son fils qui allait jouer aux «yeux» du principal mis en cause. Et cette «instruction» voulue par le juge Hadj Barik, s´était étalée dans le temps et dans l´espace, juste pour que chacun reçoive pour ce qu´il a fait ou n´a pas fait, s´entend. La douzaine d´avocats était composée de conseils sereins, calmes, rassurés par la ligne de conduite tracée dès le début du procès, par le magistrat. Même les inculpés avaient tous la même mine. Même la «Amina» assise dans le box, suivait les déclarations des uns et des autres. Même les receleurs qui ne risquaient pas aussi gros que les voleurs gardaient une attitude qui en disait long sur l´intervention de leurs défenseurs. Et rien que d´avoir pris la sage décision de bien mener ces débats et dans le détail, Hadj Barik, le président a eu droit à un hommage, appuyé tant de Maître Ouali Laceb, et Maître Khellili que de la jeune Maître Zakia Tabarli qui piaffait d´impatience de se lever et défendre son client. Un à un, les dix inculpés se défendront selon le poids de la crainte qui les hantait. Tard dans l´après-midi, le juge reviendra avec les verdicts, inattendus pour certains. Sept ans ferme pour Abdelhakim B., cinq ans ferme pour Benamara, Tifoura, trois ans ferme pour Amina D., Abdeltif B., Mohamed C., Dérouiche Haret et relaxe pour Sid Ali Safta et Ribane.