Le président de la correctionnelle «détenus» n´a pas eu à se faire des cheveux blancs dans le dossier de trois voleurs et sept receleurs, ouaouh! Youcef Rahmouni (Tipasa) revient ce 18 novembre 2010 chez lui dans sa villa qui avait été aménagée en face de la grande bleue. Et lorsqu´il entre chez lui, il constate qu´un cambriolage venait d´être commis et sans effraction, SVP! Alertés, les éléments de la police judiciaire effectuent un boulot de pros! Ils partent d´un simple n° de téléphone relevé sur 1202 ou 1210, on ne le saura jamais. Un à un, tous ceux qui avaient acheté les portables volés à l´intérieur de la maison tout comme d´autres objets de valeur, sont ramassés. Et le dimanche 16 janvier 2011 après un renvoi, trois détenus poursuivis pour vol, article 354 alinéa 4, en l´occurrence Naïmi Z., Nassim H. et Abdelkader N.ainsi que sept receleurs, Djamel IZ, Salim S., Djemel O. Hamza B. Abdeltif M., Foued L. et Malik S. sont debout face à Rabah Barik, le président de la section correctionnelle du tribunal de Koléa (cour de Blida) et Malek Drissi, le procureur de l´audience, qui n´interviendra que pour réclamer de lourdes peines: cinq ans ferme pour les inculpés de vol et deux autres fermes pour les sept inculpés de recel (article 387 du Code pénal) et de fortes amendes... Les débats n´étaient ni froids ni chauds, mais à la limite de la bonhomie du juge, excellent par ailleurs, car il a acquis cette méritée réputation d´un magistrat qui refuse d´être le caporal du parquet. Un après l´autre, les présumés voleurs et receleurs ont tous nié les délits. On saura plus tard, par la bouche de Maître Talbi, Maître Gasmi Azzedine, Maître Hayet Kadi et Maître Tahar Hassan, que le voleur cambrioleur se serait introduit via le voisinage, en faisant le mur, car il était quasi impossible d´entrer par la porte d´entrée excellemment installée. Enfin, c´est une supposition comme celle pour les receleurs qui ont tous affirmé avoir acheté ces portables en ignorant leur origine. Ce que l´on a, par contre, appris, c´est que le nombre de receleurs avait grossi par la faute de portables avariés qui avaient des pièces foutues donc à remplacer. Plaidant en premier, Maître Kadi Hayet, dit son désaccord avec les qualifications du parquet, ce qui poussera Barik à rétorquer sur le champ que le ministère public était une forteresse à laquelle on ne peut poser de questions. C´est alors que la fougueuse avocate tombe sur la police judiciaire qui avait commencé un très bon boulot inachevé. «Pourquoi le 354 alinéa 4?» s´est-elle exclamée: «Il n´y avait ni arrache-clous, ni arme lourde, ni clés, rien. Et puis M. le président, la victime s´est exprimée comme si elle connaissait les voleurs ou bien comme s´ils lui avaient narré les faits. Il n´y a pas eu d´effraction. C´est pourquoi la relaxe est vivement souhaitée pour mon client», a balancé l´avocate qui était pourtant minée par une méchante grippe. Le visage rouge, le rouquin avocat, Maître Azzedine Gasmi, avait, lui, tendance à aller droit vers la demande de la relaxe «car, dira-t-il, Naïmi ne mérite pas un uppercut émanant du parquet qu´elle «félicite» de n´avoir que l´opportunité des poursuites et que le verdict n´est rendu que par le juge du siège», s´est exclamé Maître Gasmi qui a dû laisser aux deux derniers plaideurs, en l´occurrence Maître Tahar Hassan et Maître Talbi, le longiligne et sympathique conseil qui ont effleuré le délit de recel en joignant leurs voix à Maître Kadi et Maître Gasmi. «Il n´y a aucune preuve ni témoins qu´ils ont volé. La relaxe ne serait point un cadeau du tribunal qui est tenu de juger sur pièces», a dit Maître Hassan, vite relayé par Maître Talbi qui a tenté plutôt de convaincre Barik que son client avait égaré sa puce en 2008, signalée à qui de droit. «Durant l´enquête, personne n´a voulu le croire. La police judiciaire avait trouvé le 0553 sans identité», a signalé le défenseur qui a surtout rappelé que son client comme les neuf autres inculpés avaient un casier vierge. Le verdict aura été: relaxe pour les dix inculpés, le juge ayant pris en considération qu´il n´y avait aucun voleur à la barre ni receleurs, car tous les sept avaient acheté les portables à des prix cassés et raisonnables. Tant mieux!