«Les débats politiques se résument trop souvent à des dialogues de sourds pour pensées muettes». Frédéric Deville. Présentation de l´exposition Caractères Au moment où l´Entv a réussi à échapper au protocole en interviewant le Premier ministre Ahmed Ouyahia, sous la casquette de secrétaire général du RND, les Tunisiens découvraient leur premier débat politique pluraliste après le départ de Ben Ali. En effet, en copiant sur les Français le concept médiatique pluraliste qui consistait à faire des interviews avec le président Sarkozy à partir du Palais de l´Elysée avec les journalistes des trois chaînes concurrentes TF1, France 2 et Canal+, les Tunisiens, qui n´ont rien inventé, ont tout simplement copié le procédé, en diffusant le débat du Premier ministre tunisien du Gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi à partir du Palais du gouvernement à la Kasbah et interviewé conjointement par trois journalistes des trois télévisions existantes en Tunisie. Abdelmalek Ben Rabah de la chaîne télévisée publique Wataniya, Faouzi Jerad de la chaîne privée Hannibal TV et Sofiène Ben Hmida de la chaîne privée Nessma TV. Curieusement, au même moment répondait sur la chaîne terrestre et A3, le secrétaire général du RND Ahmed Ouyahia, à des questions entièrement consacrées à sa fonction de Premier ministre, dans l´émission politique «Hiwar Essaha», qui se rapproche, elle aussi, de la fameuse émission de France Télévision «L´Heure de vérité» qui a été créée et présentée par François-Henri de Virieu et qui était diffusée entre le 20 mai 1982 et le 25 juin 1995. La différence entre l´émission de l´Entv et celle qui a été programmée par les tunisiens et les Français est que presque tous les journalistes invités sur le plateau appartiennent à la presse écrite. Seule la présentatrice et la modératrice Thouria Zerfaoui et à un degré moindre Kamel Zaït, qui est également un homme de télévision puisque il est aussi le correspondant de «France 24 arabic» à Alger sont de la télévision. La réponse est claire et précise: l´Algérie ne dispose que d´une seule télévision, les seules autres sons de cloche ne pouvaient intervenir que de la presse privée. L´ouverture audiovisuelle tant attendue signifie-t-elle une ouverture de la télévision publique à la presse privée? Le concept d´Abdou B. et Ammar Bekhouche dans les années 90, de l´émission «Face à la presse» était plus adapté, plus réel. Aujourd´hui, la majorité des bonnes plumes politiques de la presse écrite, travaillent à la télévision et à la radio en même temps. Le meilleur exemple de cette diversité audiovisuelle, Jean-Michel Aphatie, qui travaille sur RTL et au Grand Journal de Canal+. Une émission politique ne doit pas aussi calculer sa feuille de route audiovisuelle par rapport à un chef de parti et à son classement au Parlement. Une émission politique doit obéir à l´actualité politique de lheure, considérant le passage de certains chefs de parti comme une perte de temps, de lumière, de maquillage pour l´Entv. Les meilleures interventions de cette émission se résument à celle de Soltani du MSP et surtout de Ouyahia, qui confirme son statut de véritable communiquant. Mais des modifications s´imposent dans le décor et dans la mise en forme dans cette émission politique qui se cherche et recherche. [email protected]