«Il ne suffit pas d´être un grand homme, il faut l´être au bon moment.» Georges Pompidou Après De Gaulle, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, voilà que la fiction française s´intéresse à une autre grande figure de la politique: un président méconnu des Français, en l´occurrence, Georges Pompidou. France 3 a diffusé, hier à 20h35, le téléfilm, Mort d´un président, dans lequel Jean-François Balmer incarne Georges Pompidou. (On n´a pas encore vu le film mais des séquences diffusées sur Canal + et France 2 ont donné le tournis, notamment les derniers jours de sa maladie). Curieusement, le film ne s´intéresse pas à la vie politique du président Pompidou, mais seulement à ses derniers jours. Un film de ce genre sur Boumediene ne serait pas de refus, mais, en Algérie ou même au Maroc faire un film sur un chef d´Etat, même mort nécessite une batterie d´autorisations et de conseils. Ainsi, le film Mort d´un président, libre d´adaptation, propose plusieurs des volets très intéressants de la vie de l´ancien président français: sa maladie ou la souffrance d´un président qui refuse d´abandonner son poste, épaulé par sa femme Claude (Evelyne Buyle) et son fils médecin Alain (Manuel Blanc). Une fin identique à celle de Mitterrand, même si ce dernier n´est pas mort en exercice comme Pompidou. Le monde politique de l´époque, les tactiques pour préparer la succession du président, les clans qui se dessinent, les barons imbus d´eux-mêmes, les fidèles et ceux prêts à jouer leur carte personnelle; celle de la société française et des rapports entre médias et politique. À la fois thriller politique et drame humain, ce devait être un téléfilm autour de Marie-France Garaud et Pierre Juillet, les redoutés conseillers de Georges Pompidou à l´Elysée, alors que ce dernier était président. Deux personnages d´influence qui, sachant Pompidou malade, décident, bien avant l´heure, de préparer sa succession. Mais à leur façon, c´est-à-dire, en lui fabricant un successeur, Jacques Chirac, «une étoile montante de la politique», projet contrecarré par la mort soudaine du président. Pour réussir son oeuvre, le réalisateur Pierre Aknine a consulté les archives, écouté les discours de l´ancien président, rencontré son fils et décidé que les personnages principaux de son film ne seraient plus Garaud et Juillet, mais Pompidou. Et plutôt que de raconter son itinéraire, Pierre Aknine a choisi de se concentrer sur sa dernière année: celle de toutes les rumeurs. Une époque où il était interdit d´évoquer la gravité de son état; on parlait de «grippes à répétition», de son bon coup de fourchette. Marie-France Garaud, ancienne conseillère de Georges Pompidou, a visionné le téléfilm, elle le juge «indécent». Elle s´indigne du rôle qu´on lui prête à la mort du président. Jean-François Balmer, totalement dans la peau de son personnage (cinq heures de maquillage avant le début du tournage), tout en émotion et en justesse. La scène du dernier Conseil des ministres où Pompidou annonce sa maladie est bouleversante. Le réalisateur a choisi une écriture très visuelle, en filmant les scènes où apparaît Georges Pompidou à travers le regard de ce dernier. Les films sur les présidents sont la dernière mode du cinéma et de la télévision française. [email protected]