L'économie algérienne est capable de créer 380.000 nouveaux emplois/an Etre «une économie de survie» ou «un dragon économique», voilà la question. Si une économie sous-développée a besoin de se fortifier pour créer les conditions de développement en créant des infrastructures, le développement humain, le management, l´organisation économique et la stratégie sont prioritaires. C´est l´une des conclusions auxquelles a abouti Abdelhak Lamiri, docteur en sciences de gestion, qui a présenté une analyse succincte de l´économie algérienne actuelle au centre de presse d´El Moudjahid. Il a coprésidé, hier matin, une conférence de presse-débat sur le thème «Ré-engineering de l´économie algérienne et son adaptation aux changements économiques et géopolitiques». Cette conférence animée conjointement avec l´expert consultant international et chercheur, Lyès Goumiri, a permis à ces deux brillants économistes internationaux de diagnostiquer la situation économique actuelle du pays. Une économie en transition ou en développement, ne fonctionne pas de la même manière qu´une économie de marché, a relevé Lamiri avant de regretter que ce soit la sociologie politique du pays qui bloque le processus de redressement économique. Mais les économistes ne possèdent pas de solutions aux problèmes politiques surtout lorsque les décisions techniques (choix des personnes, crédits etc.) sont surpolitisées. Ainsi, la décision politique se substitue-t-elle à la rationalité économique. Les pays qui n´arrivent pas à créer une judicieuse séparation entre les choix politiques et les décisions de rationalité économique, resteront éternellement sous-développés, a plaidé Lamiri. Dans son exposé, l´expert a affirmé que l´économie algérienne est capable de créer 380.000 nouveaux emplois/an avec une croissance de 6 à 7% avec, de surcroît, de plus en plus de femmes qui rejoignent le marché de l´emploi. Ceci est possible, a-t-il dit, si l´on observe une meilleure orientation des ressources. Les facteurs clés de succès d´une économie en développement demeurent la ressource humaine, le management, la stratégie de développement et l´«entrepreneurship.» Rappelant que la dette extérieure fut ramenée à moins de 5 milliards de dollars, il dira qu´après l´an 2000 débutait une période d´embellie financière alimentée par les prix pétroliers. Le consultant international, Lyès Goumiri, qui a pronostiqué l´après-pétrole dans 50 ans, a posé une question cruciale: «Comment allons-nous nous protéger de la ruine, de la banqueroute?» Il a estimé qu´il va falloir un programme d´actions précis tout en admettant que l´acquis des recettes d´hydrocarbures nous laissait un répit. Il a insisté sur la nécessaire décentralisation des décisions encore imprégnées de relents d´une économie socialiste. Il a souligné la nécessaire réforme de l´Education qui doit s´appuyer sur la qualité, le management et favoriser l´extirpation de l´Algérie d´une économie de rente avec sa cohorte bureaucratique et son réseau bancaire désuet qui gèrent la rente sans créer des richesses. Concernant la décentralisation, il a cité l´exemple édifiant de la Chine où 60% des exportations proviennent des communes. Goumiri a estimé qu´il faut travailler avec des objectifs précis en regrettant qu´une politique de pays développés ait été appliquée chez nous alors que nous sommes un pays sous-développé. Il a également souhaité une séparation judicieuse des décisions politiques et techniques tout en privilégiant d´investir dans les ressources humaines et l´information. En conclusion de l´intervention, l´expert a précisé que le choix de l´Algérie se situe entre être un «dragon économique» ou vivre dans une «économie de survie».