L'expérience algérienne en matière de privatisation des entreprises publiques a fait fi des avancées des sciences économiques et de l'expérience internationale. » Cette sentence est du docteur Abdelhak Lamiri, PDG de l'INSIM, qui intervenait hier à Alger lors d'un séminaire coorganisé par la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (CCFC) et le groupe INSIM sous le thème « Les perspectives du secteur public en Algérie ». Pour M. Lamiri, le fait que la branche de l'économie qui traite de « la théorie des choix publics » ne soit nullement enseignée dans aucune université algérienne renseigne si besoin est sur les choix des gouvernants qui ont toujours « essayé de prouver que la science économique est fausse ». Faisant le constat peu reluisant de l'état de l'économie algérienne et des multiples choix l'ayant caractérisé, le PDG de l'INSIM avance qu'avec un management efficace on peut gérer un domaine public relativement important. « Mais quand la bonne gouvernance n'existe pas, quand l'Etat ne sait pas gérer ses institutions, comment lui demander de gérer les entreprises », a-t-il fait remarquer. Et d'assener : « L'Etat doit gérer ses institutions avec management et efficacité. » Si pour M. Lamiri, « il n'y pas de pays sous-développés, mais seulement des pays mal gérés », l'Algérie, doit, selon ses dires, mettre plus d'argent à la formation des ressources humaines et créer des PME/PMI en professionnalisant les branches. « Il ne faut pas mettre uniquement les entreprises à niveau, mais aussi le multiplicateur des compétences que sont les universités », a-t-il indiqué. Plaidant pour un désengagement total de l'Etat de la sphère économique, M. Lamiri a considéré toutefois que l'on peut configurer le secteur public autour de 15 à 20% du PIB tout en maintenant un secteur privé fort. Un privé national à privilégier, a-t-il tenu à préciser, car, selon ses dires, « avec une centaine de groupes internationaux, nos recettes pétrolières seront pompées par leurs dividendes qu'ils font sortir du pays. » Si pour M. Lamiri, le secteur public ne doit guère dépasser les 25% du PIB, parce qu'il devient « non gérable », il a néanmoins souligné que secteur public ne rime pas forcément avec inefficacité. Et d'esquisser des pistes et conditions à même de le rendre performant. Pour lui, le secteur public doit être mis en concurrence avec d'autres opérateurs économiques et subir des audits indépendants et fréquents.