La pièce qui sera donnée à partir d'aujourd'hui, à 19h à la salle Sierra Maestra, est programmée pour dix jours. Il est si rare de rencontrer des artistes de sa trempe. Le dramaturge et comédien Slimane Benaïssa est allé, dimanche dernier, à la rencontre de la presse nationale pour présenter sa nouvelle production théâtrale déjà jouée au théâtre régional de Béjaïa, de Tizi Ouzou et à Beni Yzguen (Mzab) où elle a obtenu un franc succès. Moudja Oualet se veut, comme l´a expliqué son auteur et interprète, «une forme tout à fait nouvelle, n´étant ni un one-man-show à proprement parler ni un monologue théâtralisé», mais une forme hybride qui est à mi-chemin entre l´un et l´autre. Construite dans l´esprit de continuité que la tirade de Babor Ghrek, c´est aussi, soulignera M.Benaïssa, un mélange de poésie et d´histoire d´un individu dans la société et son itinéraire depuis 1945 à nos jours. Sans être une autobiographie, cette création convoque pourtant la mémoire qui essaye de faire le bilan de l´Algérie croit-on savoir, bilan de la société ainsi dans ses choix, ses malheurs, ses identités etc. Il s´agira de sonder la société donc entre passé et présent pour comprendre où nous en sommes aujourd´hui. Le tout est de savoir comment doser son inventaire et maîtriser la manière de proposer un discours clair qui tient la route. Car souligne notre orateur «notre métier est de dire à la société ce qu´elle ne peut se dire elle-même. Autrement, parler de choses douloureuses de manière non douloureuse. C´est cela le rôle du poète et de l´homme de théâtre». Le Retour de la vague entend répandre cette vérité, annoncée depuis 15 ans, «non par entêtement, expliquera Slimane Benaïssa mais par sagesse». S´agissant de la scénographie de la pièce, celle-ci nous apprend-on se voudra être la synthèse du travail du metteur en scène, avec comme décor, des éléments divers qui rappellent les autres pièces de son répertoire. Et Arezki Labri, le scénographe de préciser: «Ce sera un décor simple et sobre, avec quelques éléments des anciens décors comme l´horloge sans aiguille. Nous allons rajouter un pupitre pour la prise de parole». Le jeu de lumières sera décliné en trois couleurs qui rappelleront sans doute l´emblème national. Plusieurs extraits des anciennes pièces de théâtre seront en outre évoqués avec comme personnage central Bouellam, en référence à Boualem Zid El goudem. Un homme porte-parole, une fusion entre l´auteur et Boualem pour porter le message à la société. Une ambiguïté que l´auteur tiendra tout de même à signaler en nous exhortant à bien écouter et distinguer qui parle et à qui. Bien conscient de la complexité de cette forme dramatique «bien risquée» Slimane Benaïssa, croit en son public auquel il dit faire totale confiance à son intelligence. L´idée de ce spectacle est née, en fait, en 2004. Pour la petite confidence, nous apprend-on, en 2006, son auteur va voir Ahmed Benguettaf, directeur du TNA, qui lui signifie que son établissement est complet jusqu´à 2012! Toutefois, ne lâchant pas prise et avec le concours de son ami Omar Fatmouche, directeur du TRC, il monte le spectacle en une semaine et le voilà sur les planches! Evoquant un autre projet tombé à l´eau cette fois-ci, El Haladj, Slimane Benaïssa dira que quand un certain nombre de conditions de travail ne sont pas réunies, il vaut mieux tout arrêter. Un signe de rigueur et de professionnalisme pour cet homme dont le théâtre est d´abord et avant tout «une affaire sociale» tout en déplorant l´absence de l´oralité sur laquelle la société est fondée. Pour M.Benaïssa, le théâtre algérien souffre d´une carence au niveau de l´écriture. Pour améliorer son niveau, il doit, selon lui, se confronter aux productions internationales. La formation est pour lui la clé de réussite pour nos jeunes eu égard à l´insuffisance d´écoles dans le domaine. Pour ce faire, Slimane Benaïssa projette d´organiser des sessions de stages accélérés avec le concours du théâtre de Tizi. Revenant à sa création, Le Retour de la vague, notre invité d´El Watan, où il animera sa conférence de presse dimanche, dira que l´originalité d´une pièce réside dans le non-dit tout en se félicitant sans prétention sur la sienne par ces mots: «Ça promet d´être déroutant!». Enfin, il fera remarquer qu´il est pour l´organisation d´un festival populaire avec toutes les langues populaires partant de l´idée que le théâtre se doit de parler la langue usitée par tous et donc pas l´arabe classique.