L´ex-international et ex-entraîneur de la JSM Béjaïa, Djamel Menad, a bien voulu répondre aux questions de L´Expression en évoquant sa situation après sa démission du poste d´entraîneur de la JSMB, tout en exposant ses idées sur l´Equipe nationale et surtout le futur de notre football. L´Expression: Que fait Djamel Menad après avoir démissionné du poste d´entraîneur de la JSMB? Djamel Menad: Je m´occupe de mes affaires. Je règle mes affaires que j´avais négligées depuis pas mal de temps. Avez-vous reçu quelques propositions de clubs? Je suis en train de participer à quelques jubilés. Quant à des propositions, je n´ai rien reçu et d´ailleurs, nous ne sommes qu´ au mois de juin et la compétition est en cours. Les responsables sont préoccupés par les positions de leurs clubs respectifs pour le moment, en cette fin de saison. Parlons de l´équipe nationale si vous voulez bien: quelle analyse faites-vous de cette lourde défaite des Verts face aux Lions de l´Atlas? C´est une défaillance totale et collective. Nous avons vu une équipe algérienne bien en place durant le premier quart d´heure, avec quelques occasions tentées puis c´est l´effondrement total. Ce fut, par la suite, une déstabilisation générale après le premier but des Marocains. J´ai constaté donc une déstabilisation totale, aussi bien sur le plan tactique que sur le plan technique. Plus grave encore, j´ai même vu des joueurs ne sachant même pas quoi faire avec un ballon! J´ai vu Mostefa perdu en défense; un Antar Yahia et un Bougherra qui ne s´entendent même pas. Alors que seul, Mesbah, ne pouvait rien faire. Au milieu du terrain, les joueurs jouaient n´importe comment. Djebbour censé être l´attaquant de pointe, est isolé alors que Ziani prenait quelques initiatives, mais péchait par un jeu latéral ou absent dans le jeu en profondeur. C´était donc une évolution des joueurs sans organisation. Les joueurs étaient hors du coup. Qu´est-ce qui n´a pas marché au juste, est-ce la fatigue de fin de saison, est-ce le mauvais stage effectué ou encore le problème du transfert de certains joueurs qui les a perturbés? Je ne peux sincèrement, donner un avis là-dessus. Car, seul le coach national pourrait répondre à une telle question, il est le seul à avoir été si proche des joueurs et donc au courant de ce qui se passait au plan interne. Il est vrai qu´il est le seul à répondre à des questions telles «est-ce le stage qui était long alors qu´il fallait le diviser en parties pour requinquer les joueurs?» «Fallait-il juste 2 ou 3 jours de regroupement pour bien évaluer les choses?» Car, ce qui n´est pas normal dans une Equipe nationale, c´est de constater que des joueurs viennent en flux alors que d´autres se permettent de venir comme bon leur semble et que les troisièmes viennent en retard. Ce sont des choses non tolérables pour une équipe et un groupe censés représenter toute une nation et tout un peuple. Qu´en est-il de la stratégie de Benchikha en seconde période du match? Sincèrement et tout en respectant la déontologie dans la perspective de défendre notre métier, je dirais que je n´ai point vu de stratégie. On a juste été bon lors du premier quart d´heure du match, mais par la suite, plus rien du tout. On pensait qu´on pouvait faire quelque chose, mais on n´a finalement vu qu´une seule équipe sur le terrain... Que vous inspire la démission de Benchikha? Chaque entraîneur voyant qu´il ne peut plus apporter un plus, se doit de démissionner. Cela ne veut en aucun cas dire qu´il n´est pas compétent. Bien d´autres entraîneurs aux CV impressionnants et aux résultats aussi importants se sont vu obligés de démissionner suite à un mauvais résultat ou à un échec. C´est ça le football. Je suppose que si Benchikha a démissionné c´est qu´il a bien réfléchi avant de le faire. D´ailleurs, il faut bien noter qu´il s´est d´ailleurs, excusé auprès du public avant de décider de quitter la barre technique des Verts à cause de cette débâcle où il n´est pas l´unique responsable, cela doit être bien précisé aussi. Après la victoire de la République centrafricaine sur la Tanzanie (2-1), la situation se complique pour les Verts dans la perspective d´une probable qualification, qu´en pensez-vous? Ça se complique beaucoup, en effet. Nos chances de qualification se réduisent beaucoup, mais en football, il ne faut jamais abdiquer. Il faut aller jusqu´au bout. Il faudrait donc se reprendre et tenter d´arracher les six points des deux matchs restant en attendant les résultats des autres équipes du groupe pour se fixer définitivement. Selon vous, quel entraîneur (étranger ou local) faudrait-il pour prendre la barre technique des Verts? Avant de parler de ça, je dirai plutôt qu´il est désormais, urgent de parler d´un véritable projet et d´une véritable refonte du football algérien. Le problème c´est qu´on a tout tenté aussi bien avec des coachs locaux qu´étrangers. Je crois qu´il est temps d´effectuer des réformes pour remettre véritablement notre football sur les rails. Introduire le professionnalisme en Algérie est une très bonne chose, mais il faudrait accompagner les clubs avec sérieux et rigueur dans la gestion. Il faut doter les clubs d´infrastructures et de moyens pour développer notre football. On perd beaucoup d´argent avec l´Equipe nationale qui ne possède même pas de centre d´entraînement. Il faut donc bien se projeter dans l´avenir avec un véritable plan de développement. Pour ce qui est du futur entraîneur des Verts, je dirais que le futur candidat doit posséder la conscience professionnelle adéquate et donc il ne s´engage pas durant cette période. Car, aucun entraîneur n´accepterai de terminer cette phase de qualification pour en être remercié juste à la fin du parcours. Un vrai professionnel viendrait avec un programme et un ou des objectifs bien définis. Pour notre cas, s´il y a le Mondial 2014 et la CAN 2013. Il faut penser aux joueurs locaux. Cela ne veut en aucun cas dire que nous devons nous passer des joueurs algériens évoluant à l´étranger, mais je crois qu´il faut revenir à l´ancien système de travailler avec un groupe de joueurs locaux et puis compléter l´effectif par des joueurs évoluant à l´étranger dans les postes spécifiques vacants. D´ailleurs, ce système permet de travailler en particulier la cohésion du groupe avec la multiplication des stages et des matchs amicaux. En comptant exclusivement sur des joueurs évoluant à l´étranger, nous aurons un gros problème avec les dates Fifa. Ce qui se remarque déjà. Car, on n´a pas assez de temps pour travailler l´esprit collectif et surtout la cohésion du groupe. Avec les joueurs locaux, cela permet donc de travailler régulièrement. Et puis par la suite, patienter 3 ou 4 ans pour avoir une équipe vraiment solide. Votre conclusion? Je dirais qu´il ne faut pas critiquer en ce moment juste pour critiquer. Car, des critiques fusent de partout, mais il faudrait faire suivre ces critiques par de véritables propositions pour rectifier les erreurs et surtout développer notre football qui en a bien besoin. Il faut donc tirer les enseignements de ce qui s´est passé auparavant tout en suggérant des solutions. C´est donc aux instances du football national de réfléchir à une telle opération nécessaire pour préparer sérieusement l´avenir de notre football.