Elles ont longtemps fait la fierté de la Coquette, aujourd'hui, l'Olympia, le Régent, Vox et bien d'autres salles de cinéma sont désaffectées. Hérités pour la plupart de l'ère coloniale, les salles de cinéma de la ville de Annaba, du moins ce qu'il en reste, sombrent chaque jour un peu plus dans l'abandon. Ayant subi les effets de récession, leur exploitation a connu un véritable coup de grâce, obligeant ainsi l'APC à les classer sur le banc de l'oubli. Annaba, ville du grand festival des journées cinématographiques du bassin méditerranéen, a totalement divorcé avec le 7e art, qui quelques années auparavant, faisait la renommée des meilleurs salles de cinéma, tels le variété, le Marignan, Rex, ainsi que Chahrazed et tant d'autres salles, aujourd'hui, devenues des musées. Ce gâchis, ce délabrement, voire cette destruction de quelques-unes d'entre elles comme c'est le cas du somptueux cinéma de Marignan, qui a été rasé pour céder la place à une bâtisse en béton pour un centre d'affaires où encore la salle Chahrazed, transformée en une salle de sport de combat. C'est pour dire que les affaires prospèrent et les salles de cinéma connaissent la descente aux enfers, au moment où des infrastructures sportives sont à l'abandon, les karatekas se projettent dans un espace cinématographique. Une bonne vingtaine d'années s'est écoulée sans que personne ne se penche sérieusement sur le dossier «salles de cinéma», devenues de véritables temples où le vide et le noir font peur au 7e art et, a du coup exilé les cinéphiles de ces pôles d'attraction culturelle. A l'exception de certaines salles, qui ont été louées par l'APC à des privés. Ces derniers sans aucun lien avec le 7e art, et sans le moindre respect des cahiers des charges, et en l'absence totale de contrôle, projettent des copies de films. En somme, la contrefaçon a aussi gagné le cinéma et, est devenue une pratique génératrice de gains considérables, pour des locataires d'une culture sans adresse. Triste est le constat de ces espaces dits «salles de cinéma», qui malheureusement, ne sont plus logés à la meilleure enseigne. Elles ne sont plus en mesure de satisfaire le public, devenu un peu plus exigeant, notamment en matière de confort. Quant au matériel de projection, tels les appareils, ils sont aussi vieux que les salles elles-mêmes. Cette tristesse dans laquelle baignent ces espaces cinématographiques, n'a fait que donner de l'élan pour les vidéothèques, ainsi que les cybercafés et autres moyens de projection de films, comme les DVX, très en vogue ces dix dernières années au sein des familles algériennes. Mais bien sûr dira la famille algérienne, car le cinéma est une culture des générations anciennes, comme au temps où les femmes annabies, allaient en soirée, au somptueux cinéma Marignan, pour voir Farid El Atrache, Abdelhalim Hafedh, L'Inspecteur Tahar et l'Apprenti, où encore La Bataille d'Alger, c'est pour dire que ce patrimoine a emporté dans ces décombres les souvenirs des années, où il avait fait les beaux jours de ces générations, mais surtout la fierté de Bône l'ancienne.