Personne n'est à l'abri de ce diktat imposé par des groupes de bandits de tous âges Près de 200 cas d'agressions corporelles ont été recensés durant les huit premiers jours de Ramadhan. Un jeune homme a été mortellement poignardé quelques instants avant la rupture du jeûne dimanche dernier, plongeant ainsi les habitants du quartier populaire le Petit Lac dans une profonde affliction. Aux premiers jours du jeûne, deux autres individus ont succombé à leurs blessures à la suite d'une rixe qui a éclaté à Mdina J'dida. Un autre cas d'agression à l'arme blanche a été signalé au quartier Ighmourassen. A peine descendue du bus de la ligne 18, une jeune fille a été délestée de son sac à main et de son téléphone portable. Les vols à la tire, les agressions sous la menace d'armes blanches et les rackets ont pris des courbes fulgurantes à Oran depuis le début de Ramadhan. Personne n'est à l'abri de ce diktat imposé par des groupes de bandits de tous âges. Des receveurs de bus sont à longueur de journées rackettés par les «seigneurs» des arrêts tandis que les passagers risquent gros en s'aventurant, sans être accompagnés, dans les quartiers chauds comme El Hamri, Derb, Sidi El Houari et les ruelles de la Bastille, Cavaignac et Saint-Pierre. Une sorte de prise d'otage et de mainmise est observée dans plusieurs cités de la deuxième ville du pays. Près de 200 cas d'agressions corporelles ont été recensées durant la première huitaine de Ramadhan. La gent féminine constitue la proie facile de ces bandits. Le moindre égarement peut s'avérer funeste. Aussitôt, ils extorquent à la femme son sac, son contenu, son portable et ses bijoux. Ces pratiques, accompagnées souvent de violences de toute nature, voire physiques, constituent une pratique qui prend des allures phénoménales pendant le mois de Ramadhan. En effet, la ville d'Oran, qui a subitement sombré dans une violence inouïe, est devenue une grande arène à ciel ouvert où s'affrontent des gladiateurs qui mesurent leurs biceps. Ces derniers provoquent des pagailles et des paniques générales parmi les populations. A Derb, tout comme à la Bastille, Sidi El Houari, les batailles entre gangs sont devenues légion. A la moindre étincelle, des jeunes du quartier se rassemblent pour se défendre contre ce qu'ils qualifient de dépassements perpétrés par les jeunes provocateurs de l'autre quartier. Les gros bras de Cavaignac ne sont pas près d'abandonner leur duel qui les oppose perpétuellement à ceux de la Bastille. Au vu des procédés employés, un nouveau terrorisme, incrusté en plein milieu urbain, est né et a pris de l'ampleur. La plupart du temps, dans ces affrontements, il est fait usage de toutes sortes d'armes prohibées comme les haches, sabres, chaînes d'acier, à fusils harpons et couteaux de différents calibres. Une autre problématique qui ne semble pas près de s'estomper est l'exploitation illicite des parkings. Des jeunes, constitués dans leur majorité de drogués, se sont érigés en maître indétrônables des trottoirs. En quête d'un lieu de stationnement, l'automobiliste est sommé de régler, à l'avance et sans rechigner, les droits de stationnement. Derrière le somptueux Théâtre régional Abdelkader-Alloula, les chauffeurs de taxi assurant la liaison Oran-Aïn El Turck vivent un diktat sans précédent imposé par une dizaine d'individus qui revendiquent, sans sourciller, la propriété des lieux de stationnement. Les chauffeurs sont, avant qu'ils ne prennent la destination de Aïn El Turck, contraints de verser 50 dinars représentant les frais de stationnement et de chargement. A la moindre protestation ou résistance, le contestataire est aussitôt pris à partie à coups de gourdins tandis que son véhicule subit des dégâts irréparables. Le phénomène des parkings illégaux a pris de l'ampleur tandis que les solutions sont visiblement renvoyées aux calendes grecques. Une question s'impose: la ville d'El Bahia a-t-elle cédé à la violence?