Redha Mehigueni: «Beur TV, un espace d'expression et d'opinion» «J'ai investi dans un capital de notoriété et de sympathie. J'ai peut-être fait le meilleur choix», a indiqué Redha Mehigueni, confiant en son challenge. Lancée au début du Ramadhan, «la première chaîne algérienne privée de droit français, Beur TV, a fait l'objet d'une rencontre conviviale mardi dernier au siège des Mille et une news, fraîchement inauguré. Invité à faire le point sur sa chaîne et évoquer ses perspectives et projets d'avenir, son directeur Redha Mehigueni - lors du débat modéré par l'animateur de la Chaîne III, Mohamed Reda Khiar - s'est montré bien confiant quant à l'avenir de sa chaîne et par extension sur l'ouverture du champ audiovisuel conformément au discours du président Bouteflika à ce sujet, le 15 avril dernier. «Ma chaîne est un test quant à l'ouverture du champ audiovisuel en Algérie. Effectivement, ça permet une certaine liberté d'action du fait qu'elle soit domiciliée en France et relevant du droit français, mais ça a aussi des contraintes vis-à-vis du CSA. Si Marine Le Pen veut passer dans ma chaîne, je ne peux le refuser comme ce pourcentage minimum exigé en langue française etc.». Choisir le mois de Ramadhan pour commencer à émettre 6 août après une signature de contrat faite le 26 juin est pour M.Mehigueni «un challenge pour marquer notre retour, avec les productions qu'on a jugées correspondre à nos attentes et en rejetant d'autres.» Fort d'une expérience dans les télécoms, le fondateur du quotidien Le Midi libre n'a pas caché son envie de «foncer» après avoir acquis, dit- il, une solide expérience dans les médias et la pub qui l'a particulièrement aidé et même «sauvé» pour la reprise de cette chaîne. C'était logique donc pour lui d'acquérir une chaîne télé. Un acte «calculé» selon lui et mûrement réfléchi: «Beur TV jouit d'un capital notoriété indiscutable. On en parle en bien ou en mal et puis Beur TV a continué à exister grâce à Beur FM.» Cette complémentarité a permis à la chaîne de continuer à vivre même si elle a aujourd'hui une connotation différente.» Et de renchérir: «J'ai investi dans un capital de notoriété et de sympathie. J'ai peut-être fait le meilleur choix.» Questionné sur l'identité de la chaîne, Redha Mehigueni dira que Beur TV est avant tout un espace d'expression et d'opinion. «Une chaîne mini généraliste qui touche à tous les créneaux: politique, économique, sport etc. Elle tient son identité de son nom c'est-à-dire qu'elle s'adresse à la communauté algérienne et maghrébine installée en France tout en répondant aux intérêts de nos régions». Diffusée d'abord sur le satellite Hotbird puis Nilesat pour plus de visibilité et acquis d'audience, Beur TV qui se veut s'adresser à tous les Algériens là où ils sont, ne constituerait pas de menace pour l'Entv d'après les dires de M. Mehigueni. «On se positionne comme complémentaire du paysage audiovisuel algérien. Je ne suis ni menaçant ni me sens menacé» mieux, Beur TV qui a pour partenaire plusieurs producteurs algériens du secteur privé compte s'associer à l'Entv si besoin est. «Si on nous demande de coproduire, on dira oui» et ce, sachant que Beur TV n'a demandé aucun financement à l'Algérie pour démarrer. Evoquant la grille du programme actuellement en préparation et qui débutera le 15 septembre, le directeur de Beur TV qui se veut collé à l'actualité, annoncera notamment le lancement prochain, non pas d'un JT (car ça coûterait cher) mais des flashs infos, mais aussi deux émissions qui constitueront les rendez-vous phares de sa chaîne. D'abord un plateau où on invitera beaucoup d'intervenants politiques et une émission économique qui se veut également transversale entre l'Algérie et la France. Ces émissions débats interviendront dans le cadre d'un contexte politique proche, à savoir la prochaine élection présidentielle française 2012 et les élections législatives en Algérie Et de préciser sur une question relative au danger de la censure: «Du côté de la CSA, on n'a pas de souci à nous faire. Je n'ai pas d'interdiction. Je travaille avec des gens qui travaillent dans la légalité et la chaîne est ouverte. On donnera la parole à tout le monde, qu'ils soient dans le pouvoir ou dans l'opposition. Chacun assumera ce qu'il dit.» S'agissant du contenu de ses programmes, le directeur de Beur TV fera clairement remarquer: «Nous serons très présents dans les activités commémorant le 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Il y a plusieurs produits sur la table. C'est mon histoire, c'est mon devoir. On veut que cette génération de beurs connaisse sa culture. Pour ce faire, on a prévu, notamment une sorte d'interview mémoire avec Benjamin Stora pour éclairer notre histoire». Beur TV qui est d'emblée membre de la Copéam et l'Urti, est aussi associée à l'événement, Marseille «capitale européenne de la culture 2013.» Installé à Paris près de Bercy, la chaîne qui reprend de plus belle a, pour rappel, connu des années de gloire mais de déclin aussi. Créée en 2001 puis ayant émis à partir de 2003, Beur TV a commencé à s'épuiser vers 2007 en raison du manque de financement. Son ancien patron, Nacer Kettane en est toujours actionnaire. Il est même son président d'honneur.