Il a été lâché par tous ses «amis» On croirait qu'ils se sont passé le mot. Toutes les réactions à la marche des rebelles sur Tripoli se rejoignent: exhorter, demander, convaincre (...) El Gueddafi de lâcher prise. Après plus de six mois d'affrontements, les rebelles - grâce au soutien de l'Otan - ont gagné, du moins sur le point, de gagner la guerre. Soutenu par les plus grandes puissances occidentales, et ayant été reconnu (dès sa création) par certaines d'entre elles, le Conseil national de transition (CNT libyen) peut estimer avoir accompli sa mission. Le monde entier peut désormais se réjouir de la fin du règne d'El Gueddafi. Menaçants et peu conciliants, les Occidentaux ont appelé, hier, le colonel Mouamar El Gueddafi à quitter immédiatement le pouvoir pour éviter un ultime carnage, estimant que l'entrée des rebelles dans Tripoli avait scellé la fin du régime libyen. «Le mouvement contre le régime El Gueddafi a atteint un point de non-retour. Tripoli se libère de la poigne du tyran», a déclaré le président Barack Obama depuis son lieu de vacances dans le nord-est des Etats-Unis. «Mouamar El Gueddafi et son régime doivent reconnaître que leur règne a pris fin», malgré d'ultimes résistances à Tripoli, a-t-il poursuivi. Washington et d'autres capitales se sont dites préoccupées par l'après-El Gueddafi avec «l'ouverture d'une période de transition entourée d'incertitudes sur l'avenir démocratique de la Libye». Une crainte de ce que sera le futur Etat libyen plane. Les pays occidentaux, qui ont aveuglement soutenu les dirigeants du CNT, l'ont fait sans aucune garantie. Sans consensus préétabli. Bref, on dirait qu'ils ont soutenu le CNT juste pour aller à l'encontre d'El Gueddafi. A Bruxelles, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a aussi jugé qu'on assistait à la fin. «J'appelle El-Gueddafi à quitter le pouvoir immédiatement et éviter que le sang ne soit davantage versé», a-t-elle dit. De son côté, et toujours aussi investi avec le CNT, Paris a proposé une réunion la semaine prochaine du Groupe de contact sur la Libye, a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. Le président Nicolas Sarkozy a d'ailleurs «exhorté» El-Gueddafi «à éviter à son peuple de nouvelles souffrances inutiles en renonçant sans délai à ce qui lui reste de pouvoir». Tout aussi engagé, le Premier ministre britannique David Cameron a appelé le colonel El Gueddafi à «arrêter le combat sans condition». «Son régime s'effondre et bat en retraite», a indiqué le Premier ministre à Londres. Quant à l'Allemagne, restée à l'écart de l'intervention de l'Otan, elle a appelé M. El Gueddafi à renoncer à son pouvoir. Franco Frattini a, lui, estimé que la chute du régime El Gueddafi créera de «grandes perspectives» pour les entreprises italiennes, notamment dans le secteur pétrolier. Silvio Berlusconi a pour sa part appelé Mouamar El Gueddafi à se rendre et de mettre fin à toute résistance inutile, dans un communiqué du gouvernement Un tournant dramatique dans le conflit libyen témoigne, de toute évidence, d'un transfert imminent du pouvoir. La Russie attend un transfert «imminent» du pouvoir aux rebelles en Libye après la prise de la capitale, Tripoli, a déclaré hier le ministère russe des Affaires étrangères. Côté musulman, l'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui regroupe 57 pays, a félicité le peuple libyen pour «la réussite de sa révolution» et a exhorté la Libye à préserver son unité et son intégrité territoriale. La Ligue arabe a souhaité au gouvernement rebelle de «réussir à mener à bien une nouvelle ère et préserver l'intégrité régionale de la Libye ainsi que sa souveraineté et son indépendance», alors que le Koweït, le Maroc, la Tunisie et l'Egypte ont tous reconnu hier la légitimité du CNT comme étant le seul représentant du peuple libyen. La Chine, qui avait elle aussi d'importants intérêts économiques en Libye, a déclaré hier «respecter le choix du peuple libyen». «La Chine espère un retour rapide de la stabilité en Libye» et est prête à participer avec la communauté internationale à sa reconstruction, a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Un des rares alliés du dirigeant libyen, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a de nouveau critiqué l'intervention de l'Otan. Il a accusé les forces étrangères de vouloir «s'emparer d'un pays et de ses richesses». Sans attendre la chute de Tripoli, les Occidentaux préparent déjà l'après-El-Gueddafi.