Le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou, a donné, hier, des précisions sur le programme de relogement des familles. Une intervention au lendemain d'émeutes dans quelques localités de la capitale. Pour le wali, «la wilaya d'Alger est en train d'exécuter le projet du président de la République, celui d'éradiquer l'habitat précaire». L'objectif de la conférence de presse organisée au siège de la wilaya est double. D'abord, présenter le plan du relogement et ses différentes étapes. Ensuite, tenter d'étouffer les foyers de tension. «C'est indigne ce qui s'est passé à Diar Echems». C'est ainsi que le wali a qualifié les contestations qui ont précédé cette opération de relogement. Pour lui, ces personnes n'ont aucune raison de protester ou de contester leur nouvelle cité d'accueil. «On va reloger les familles de Diar Echems dans une cité modèle. Ces familles sortent d'une pièce pour y aller dans des F4 et équipés de meilleures commodités. Est-il possible que ces gens contestent?», s'interroge-t-il. Le wali d'Alger se félicite quant à l'envergure de ce plan de relogement mais qualifie toutefois les protestataires et les mécontents d' «impatients». «Nous avons nettoyé les cimetières des familles, si je me permets bien l'expression!», s'est-t-il félicité. Il s'agit des sept cimetières de la capitale desquels ont poussé des bidonvilles. Aujourd'hui, «quelque 1 235 familles occupant des chalets ou des habitations précaires à Alger seront relogées», a indiqué le directeur de l'habitat de la wilaya d'Alger, M. Mohamed Ismaïl. Cette opération, première du genre depuis le début de l'année est la 25e depuis le lancement, l'année dernière par la wilaya d'Alger des opérations de relogement. L'opération concerne 123 familles de la cité des chalets Mimouni, 291 familles de la cité des chalets Draa El-Guendoul, 191 familles de la cité des chalets Bouraâda, 25 familles à Bentalha, 399 familles de Diar Ech-Chems (El-Madania) et 206 familles de Djenane Hassan. Les cités de Birtouta, des Eucalyptus, Baraki, Haouch Megnouch, Gué de Constantine, Douéra et Beni Messous accueilleront ces familles. Par ailleurs, ce mois de septembre verra le relogement sur trois étapes (5, 7 et 9 du mois) de 3245 familles des différents quartiers vulnérables de la capitale. 9900 agents, 9000 camions et 70 autobus ont été mobilisés pour faciliter le transfert de ces familles vers leurs nouveaux logements. Pour le wali d'Alger, la crise du logement sera réglée pour toute la capitale. Seulement, il demande plus de patience. «On ne pétrit pas les logements la nuit pour les distribuer le lendemain», ironise-t-il. Quoique le temps et le climat dans plusieurs quartiers et localités, n'est guère à l'ironie puisque hier dans l'après-midi et quelques heures seulement après cette conférence de presse, les habitants du quartier Carrière à Oued Koreich ont tenté de bloquer la route reliant Bab El Oued à Chevalley (Ex-Frais Vallon) à l'aide de pierres et de pneus brûlés. Des affrontements ont éclaté au niveau du carrefour de Triolet entre ces résidents et les forces de l'ordre. Des quartiers s'embrasent et le pire est a craindre, d'autant plus que le wali l'avoue: «L'impatience des citoyens je la comprends mais, je la condamne!» Un message clair à destination des mécontents, car il est hors de question de revenir sur le processus de ce relogement et aux forces de l'ordre d'assurer le reste. Dans plusieurs localités d'Alger, le risque de contestation plane sérieusement. Pour rappel, la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement, Raquel Rolnik, avait déjà exhorté le gouvernement algérien à plus de transparence dans l'attribution des logements et à la participation de la société civile dans la définition des critères d'octroi des logements sociaux, à l'issue d'une visite effectuée en juillet. En tout cas, pour les impatients, le plan quinquennal 2010-2014 est là. «Alger bénéficiera de 60.000 logements dont 40.000 logements sociaux, 20.000 logements promotionnels aidés», a rappelé M. Smaïl en marge de cette conférence. «La période allant de septembre 2011 à juin 2012 verra la distribution de 20.000 logements dont 15.000 à caractère social et 5000 de type social-participatif», a-t-il ajouté.