La balle est dans le camp des Nations unies et de la communauté internationale pour réparer un déni de droit envers les Palestiniens. Assumant enfin leur responsabilité face à l'Histoire, les Palestiniens devaient avoir déposé hier leur demande d'admission à l'ONU, à laquelle s'opposent frontalement Israël et les Etats-Unis «Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais» cette expression résume parfaitement la politique du «deux poids, deux mesures» suivie par Israël et son protecteur américain. Confronté à un long blocage de fait des négociations par la poursuite de la politique israélienne de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, les Palestiniens ont brillamment trouvé l'«Alternative». Remettre au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, une demande d'admission à l'ONU d'un Etat de Palestine. Avant même de concrétiser cette initiative, une avalanche de condamnations, de pressions et de mises en garde sont tombées sur les Palestiniens qui ont tenu bon, notamment face au diktat israélien et au parti pris américain. Courte est la mémoire de l'être humain! Partagée en novembre 1947 par le Conseil de sécurité de l'ONU, la Palestine historique devait donner naissance à deux Etats, l'un arabe, l'autre juif. Or, sans attendre, Israël proclame unilatéralement son Etat en mai 1948, avant l'échéance fixée par l'ONU de novembre 1948. Israël, créé sans la consultation de la population palestinienne par les grandes puissances de l'époque, exige rien moins que «d'être consulté» pour tout avènement d'un Etat palestinien. Quelle ironie! Mais comment est-ce possible? C'est ce qu'on pourrait tout simplement expliquer par ce que l'on qualifie de «loi du plus fort» mais encore de «balance des pouvoirs». Il ne faut cependant pas perdre de vue que la notion «d'Etat de Palestine» n'est en réalité pas nouvelle. Elle date du 15 novembre 1988 lorsque le Conseil national palestinien a proclamé à Alger «l'établissement de l'Etat de Palestine sur la terre palestinienne avec pour capitale Jérusalem» lors des congrès du CNP et du CE-OLP organisés conjointement dans la capitale algérienne. Ce qui ressort de la proclamation d'Alger est de fait la mention de «Palestine» qui fait référence à l'ensemble des territoires palestiniens établis sur la ligne verte (frontière de facto entre Israël et les territoires palestiniens occupés). Selon la nomenclature officielle de l'ONU sont «territoires palestiniens occupés» la bande de Ghaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. La proclamation qui a pris soin de détailler les fondements de cet Etat de Palestine, a d'ailleurs fait l'objet d'une reconnaissance internationale. L'initiative palestinienne gêne. Elle engendre une controverse sans précédent. Les alliés d'Israël sont en effervescence. Ils ne savent plus comment faire pour en dissuader Mahmoud Abbas. Le fait est qu'il est fort probable, sans doute certain, que la majorité des membres du Conseil de sécurité (9 sur 15) voteront pour l'admission d'un Etat de Palestine. Ce qui sera très embarrassant pour les Etats-Unis alors contraints d'user de leur veto pour bloquer cette reconnaissance. C'est la problématique essentielle qui a poussé le président Barack Obama à user de tous les artifices pour contraindre les Palestiniens à revenir sur leur demande d'admission. On verra alors que seuls deux Etats dans le monde, Israël et les Etats-Unis, s'opposent à l'avènement de l'Etat de Palestine. Il ne fait pas de doute que cela fera désordre et placera les Américains en porte-à-faux et dans une positon peu enviable. Car ils apparaîtront comme ceux qui entravent la paix au Proche-orient, en entrant dans le jeu et l'irrédentisme d'Israël En fait en maintenant leur intention de déposer leur demande au Conseil de sécurité, les Palestiniens ont poussé les Etats-Unis dans leur dernier retranchement et ont ainsi montré leur véritable visage. L'important pour les Palestiniens était de montrer d'où venait le blocage à la paix au Moyen-Orient. Et puis le veto américain au Conseil de sécurité permettra aux Palestiniens l'autre option qui consiste à se faire admettre en tant qu'Etat non membre des Nations unies. Recours induit par le probable veto américain. Dès lors, les Palestiniens pourront faire jouer la résolution 377 du 30 novembre 1950 qui permet de s'adresser directement à l'Assemblée générale en cas de blocage au Conseil de sécurité dans ces cas de figures. Des précédents historiques existent. Cette résolution, adoptée dans le cadre du conflit coréen, a été appliquée à plusieurs reprises: Suez en 1956, la Hongrie en 1956, le Liban en 1958, le Congo en 1960, le Bangladesh en 1971 (...) et la Namibie en 1981) C'est de fait sur cette résolution 377 que comptent les Palestiniens pour faire admettre leur Etat à l'ONU. C'est du moins ce qu'espèrent les responsables palestiniens. Selon cette résolution, l'Assemblée générale peut prendre les mesures nécessaires si le Conseil de sécurité se retrouve paralysé à prendre une décision en raison d'une utilisation négative par un de ses membres de son droit de veto. Pour le cas palestinien, ce sont les Etats-Unis qui font objet de blocage.