Que veut démontrer Israël en poursuivant son offensive contre Ghaza, en arrêtant des ministres et des députés palestiniens, en détruisant l'infrastructure palestinienne: prouver sa puissance de feu? Qui en aurait douté? Peut-on comparer l'incomparable, un Etat (Israël) considéré par l'ensemble des experts et analystes internationaux comme étant une puissance nucléaire et disposant de la plus puissante armée conventionnelle du Moyen-Orient, avec des groupes armés palestiniens qui se battent, avec les moyens du bord, pour leur indépendance? D'un autre côté, nous observons -dès qu'il s'agit d'Israël- un étrange renversement des valeurs quand la «communauté internationale» vole au secours de l'agresseur israélien et accable les victimes palestiniennes qui -malgré l'occupation de leurs territoires par Israël, les brimades et représailles qu'elles subissent jour après jour de la part de l'armée d'occupation israélienne et des colons juifs- restent aux yeux de cette «communauté internationale» coupables de tout et en premier coupables de résistance à l'occupation israélienne, comme de réclamer l'application au contentieux du droit et des lois internationaux. Ce renversement de valeurs est tellement vrai que l'arrestation de ministres et députés palestiniens par Israël a juste amené les chefs de la diplomatie du G8 représentant les grandes puissances -réunis jeudi à Moscou- à demander à l'Etat hébreu «d'observer la plus grande retenue» alors que Tel-Aviv vient d'agir en tant qu'Etat terroriste et voyou qui ne respecte aucune des dispositions internationales auxquelles les Etats sont tenus. En revanche, l'enlèvement d'un militaire israélien, par la résistance palestinienne, a suscité parmi la «communauté internationale» une émotion démesurée qui ne correspond pas à l'événement et une réaction hors du commun de l'occupant israélien qui, pour libérer le prisonnier israélien, mobilisa son armée qui commença par détruire les infrastructures palestiniennes. Ce qui est doublement condamnable au plan du droit international et de la Charte de l'ONU dont Israël est l'un des membres. Or, les arrestations de ministres et de députés du gouvernement autonome palestinien-même si l'Autorité palestinienne n'est pas exactement un Etat- par une puissance étrangère, outre qu'elles sont contraires aux lois internationales en vigueur -qui semblent ne pas s'appliquer à Israël- constituent un grave dépassement susceptible d'embraser davantage les territoires palestiniens. Washington n'a cessé de répéter, tout au long de ces années, le droit d'Israël de se défendre. Certes! Mais encore faut-il que ce droit de se défendre s'applique de la même manière aux Palestiniens qui font face aux représailles, aux destructions (d'infrastructures, de maisons et d'oliveraies) et aux assassinats ciblés de leurs dirigeants par les forces d'occupation israéliennes. Or, ce sont les Palestiniens qui sont victimes -outre des représailles d'Israël- d'un déni de droit de la part de la «communauté internationale» et singulièrement des puissances qui, par leur hégémonie sur le monde -notamment les Etats-Unis- ont les moyens d'amener Israël à négocier avec les Palestiniens en vue de parvenir à une solution équitable du contentieux israélo-palestinien. Or, ces puissances et particulièrement les Nations unies, ont abandonné leurs prérogatives -qui consistent notamment, outre de protéger les peuples colonisés, à trouver au conflit en cours des solutions conformes aux résolutions de l'ONU- pour laisser au seul Israël de dicter au monde ce qu'il convient de faire. N'est-ce pas encore les Etats-Unis qui répètent à qui veut les entendre que l'on ne fait pas «pression» sur Israël? Ce qui fait que la situation a atteint aujourd'hui, les termes de l'absurde, lorsque, hier ces puissances réclamaient la libération du soldat israélien, mais n'exigent pas, dans le même temps, d'Israël de libérer les ministres et députés palestiniens (arrêtés jeudi) fussent-ils issus du Hamas. Ministres et députés élus, rappelle-t-on, démocratiquement par le peuple palestinien. Dans le renversement de valeurs auquel nous assistons, c'est le ‘'Goliath'' israélien qui est ainsi soutenu par la «communauté internationale» alors que le ‘'David'' palestinien est brimé, rappelé à l'ordre par cette même communauté. Et il n'y a même pas lieu ici d'évoquer le droit du plus fort ou le deux poids, deux mesures.