Les déclarations de l'ex-mari de l'Allemande décédée renseignent sur la difficulté de cerner les visées terroristes. L'ex-mari de Michaela Spitzer, une Allemande qui figurait parmi les otages européens retenus dans le Sahara, décédée d'une insolation, estime qu'ils auraient déjà pu être libérés si Berlin avait exercé davantage de pressions sur Alger, dans un entretien paru dimanche. Michaela Spitzer, 46 ans, et les quatorze autres otages «auraient pu être libérés depuis longtemps, mais les politiques ont laissé passer trop de chances ces derniers mois», estime Karl-Heinz Spitzer dans un entretien au journal dominical Bild am Sonntag. «Les négociateurs allemands ont apparemment trop souvent baissé les bras, au lieu d'exercer des pressions massives sur le gouvernement algérien», au moment où le groupe se trouvait encore dans le Sahara algérien, estime-t-il. «Apparemment, c'était pour ne pas menacer les bonnes relations avec l'Algérie». Voilà ce qu'annonce en substance Bild, et on serait tenté de prédire qu'avant même le dénouement de l'affaire des otages détenus par un groupe qui se réclame du Gspc, beaucoup de «révélations incongrues» vont être dévoilées.En fait, six mois est un laps de temps très, très long, pour les connaisseurs de ce genre d'affaires de rapt. Plus d'une moitié d'année passée à tergiverser, à négocier, à serrer, à desserrer, pour n'aboutir à pratiquement rien. Ou pire: à mettre en danger la vie des otages et exacerber la patience mise à rude épreuve des ravisseurs. Ce temps passé dans un univers hostile et sous une chaleur accablante est assez suffisant pour mettre en danger la vie ou pour le moins, la santé des otages. On arrive à se demander, comment les survivants arrivent à tenir le coup. On devine aisément aussi que c'est bien la maladie et le désespoir, et non l'insolation, qui ont eu raison de Michaela Spitzer, car le lieu de la détention (les grottes de Tamerlik) sont assez supportables pour un groupe de touristes costauds. Le chevauchement entre militaires, politiques, diplomates, agents spéciaux et aventuriers du désert, semble avoir été le principal motif qui a retardé la libération des otages. Dès la localisation des groupes des ravisseurs, sur le sol même de l'Algérie, les militaires avaient privilégié la solution militaire. Le maillage du site météoritique d'Amguid et la disposition des troupes spéciales dans un périmètre restreint avaient permis de donner l'assaut et libérer 17 touristes - 10 Autrichiens, 6 Allemands et 1 Suédois - représentant le premier groupe des otages. Le quadrillage de la grotte où s'était réfugié le deuxième groupe de ravisseurs avec leurs otages, était à ce point impeccable pour inciter à un optimisme mesuré. Mais les négociations avaient fait, après avoir traîné des semaines durant, que les ravisseurs aient pu quitter les lieux et réussir à s'échapper d'un maillage sécuritaire quasi imperméable. Les diplomates qui veulent s'en tirer à moindre coût, privilégient une solution négociée et sont prêts à mettre le «paquet» pour aboutir à la libération des otages, sans se soucier du coup médiatique qui avantagerait les terroristes. Aujourd'hui, le groupe de ravisseurs est certainement mieux avisé de ce qui l'attend, mais le chevauchement des intérêts, des services spéciaux, des aventuriers tentés par la rançon, peuvent encore retarder l'échéance. Et par là même, (re) mettre en danger la vie des otages qui entament dans le désert leur sixième mois de calvaire non-stop.