Menace terroriste, insécurité alimentaire, situation alarmante des réfugiés en provenance de la Libye et circulation des armes lourdes, constituent l'ensemble des conséquences de la guerre civile en Libye. Les retombées sont particulièrement subies par les pays formant la zone du Sahel. Si l'Algérie prévient sur les risques d'attentats aux missiles au même titre que les Etats-Unis d'Amérique contre les bases pétrolières au Sud, le Niger et le Tchad, déclenchent l'alarme sur la sécheresse, l'insécurité alimentaire et l'incapacité de contenir l'afflux des réfugiés. Intervenant dans ce contexte à l'ONU, le président nigérien Mahamadou Issoufou, a mis en garde vendredi contre les dangers de la menace terroriste, les répercussions du conflit libyen et la sécheresse et l'insécurité alimentaire qui menacent son pays. Il prévient dans ce sens devant l'Assemblée générale des Nations unies: «Je voudrais renouveler notre appel en vue d'aider le Niger qui, en plus des menaces amplifiées par la crise libyenne, menaces terroristes, menaces des organisations criminelles de tout genre, doit faire face à une insécurité alimentaire sévère.» Le président nigérien ne manquera pas de notifier: «Le terrorisme, vous le savez bien, s'en prend aux valeurs qui constituent l'essence même de la Charte des Nations unies: respect des droits humains, primauté du droit, règles de la guerre qui protègent les civils, tolérance et entre les peuples et les nations, règlement pacifique des conflits». A ce phénomène, a-t-il expliqué, «viennent s'ajouter les menaces telles que les organisations criminelles trafiquant dans les armes, les drogues, et les êtres humains et qui sont amplifiées par la crise libyenne», avant de revenir à la circulation des armes pour souligner: «Des dépôts d'armes ont été pillés en Libye. Ces armes sont aujourd'hui disséminées dans toute la zone sahélo-saharienne avec le risque d'échouer entre des mains terroristes. Tenant compte du caractère régional des menaces, le Niger est déterminé à mutualiser ses efforts avec ceux des autres pays, notamment de la sous-région, afin de faire face à la situation.» 100.000 réfugiés ont regagné le Tchad «La situation nous préoccupe et la pauvreté qui y règne constitue un terreau sur lequel le terrorisme peut prospérer.» Le président tchadien, Idriss Deby, qui s'était exprimé avant lui, a appelé la communauté internationale à soutenir son pays face à l'afflux de réfugiés fuyant le conflit libyen. Il déclare: «Nous voudrions exprimer notre préoccupation face aux foyers de tension qui se multiplient dans le monde et qui sont parfois nés des grandes mutations en cours, notamment dans certains pays du Moyen-Orient et du Maghreb. A l'instar de nombreux pays du Sahel, le Tchad a enregistré le retour de Libye de près de 100.000 de ses ressortissants qui ont été contraints de quitter ce pays, dans le plus grand dénuement.» Tout en insistant sur la communauté internationale à venir l'assister pour contenir les effets dramatiques de ce mouvement massif via des programmes de réinsertion et de réintégration économique et de préciser: «Notre souhait le plus ardent est que la Libye retrouve la paix et que les Libyens se réconcilient autour du CNT afin de construire un Etat de droit. Un réseau international contre le terrorisme Le président Deby, comme son homologue nigérien, appelle ses partenaires à poursuivre leur appui logistique et financier au fonctionnement du Détachement intégré de sécurité, surtout que les risques d'une catastrophe écologique et humanitaire semblable à celle qui sévit dans la Somalie sont imminents. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui assistait au lancement officiel du Forum à New York, avait en marge des travaux de l'assemblée générale des Nations unies, salué la «robuste coopération bilatérale» qui existe entre les Etats-Unis et de nombreux pays et a tenu à remercier ces derniers, dont l'Algérie, avec lesquels les Etats-Unis ont établi un «très solide partenariat bilatéral contre le terrorisme». Lors du Forum, Mme Clinton avait, sur la question de la lutte antiterroriste soutenu que partout au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au-delà, des pays sont en train d'élaborer de nouvelles législations pour lutter contre le terrorisme, réorganiser leur police et réformer leur système judiciaire. «C'est pourquoi mettre à profit la réunion d'aujourd'hui, (jeudi dernier Ndlr) pour développer et partager les meilleures pratiques, ainsi que pour mobiliser les ressources, l'assistance technique et la volonté politique.» Elle ajoute dans ce même contexte: «Nous avons fait ensemble de réels progrès contre l'extrémisme violent, mais tous comme nous sommes ici, savons que nous pouvons faire plus, nous pouvons mettre en place un réseau international de lutte contre le terrorisme qui soit, comme celui de nos adversaires, habile et en mesure de s'adapter aux situations nouvelles, qui peut mobiliser ressources et expertise de partout dans le monde... Il faut penser maintenant à aider les Etats à mettre en place des institutions civiles plus performantes et à établir des partenariats pour lutter contre le terrorisme. Et de s'engager à tirer profit de façon optimale des expériences des uns et des autres, sachant que nos travaux ici ont un double impact: améliorer la coordination des efforts de lutte contre le terrorisme au-delà des frontières et entre les régions et ensuite aider les pays à mieux contrer la menace terroriste à l'intérieur des frontières.» Le Forum constitue pour la secrétaire d'Etat le bureau central de recherches et d'analyse des défis posés par le terrorisme, ainsi que de lieu de rendez-vous mondial sûr qui réunirait experts, décideurs-clés et spécialistes de la lutte antiterroriste du monde entier pour travailler ensemble à l'élaboration de stratégies efficaces de lutte contre l'extrémisme violent et de préparer tant les gouvernements que les ONG à mieux comprendre le phénomène de la radicalisation et comment y remédier.»