Des experts américains de la lutte antiterroriste ont la certitude que Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est en train de se former actuellement au maniement des missiles anti-aérien, depuis que cette organisation terroriste a mis la main, en mars dernier, sur un lot de Sam 7 de fabrication russe pris par les insurgés libyens aux troupes du Colonel Kadhafi. Le matériel de guerre des armées classiques Le risque est grand que la guerre dans le Sahel entre les armées locales et les groupes terroristes commandés par Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Benmokhtar, se fasse dans le court terme avec du matériel de guerre des armées classiques. De ce danger, la France, pays le plus engagé dans la guerre de Libye, qui se souciait exclusivement de faire libérer les otages français moyennant paiement de rançons, en a pris conscience à son tour seulement le 18 juin dernier. Sur page web «Sahel Intelligence», l´expert en lutte antiterroriste Samuel Benshimon cite le communiqué de la direction de la protection de la sécurité du ministère français de la Défense, reconnaissant que «des armes sensibles, y compris des missiles mobiles terre-air puisés dans les arsenaux de guerre du régime libyen ont été acheminées vers le Mali à travers le territoire algérien». Pourtant, c´est déjà en mars dernier que les experts de la lutte antiterroriste en Algérie et aux Etats-Unis avaient averti de ce trafic d´armes qui se faisait à l´ombre de la guerre en Libye où les djihadistes avaient pris pied aux côtés des insurgés. Ces mêmes sources étaient persuadées que ce lot de Sam7 abandonné à ciel ouvert par l´armée de Kadhafi avait été acheminé depuis Benghazi vers le Nord du Mali, via le Tchad, apparemment avec la complicité des insurgés libyens, car la frontière algérienne était des plus surveillée par les unités spéciales de l´ANP et de la gendarmerie. A Washington comme à Alger on s´est interrogé surtout sur la facilité avec laquelle ce convoi a pu se déplacer sur un itinéraire de plusieurs milliers de km où les services de renseignements français sont omniprésents. Paris reconnaît le trafic de Sam 7 Paris a fini par réagir à son tour en prenant conscience du danger que représente le nouvel intérêt manifesté par Aqmi pour la haute technologie de guerre depuis le lancement, le 24 juin dernier, de l´offensive de l´armée mauritanienne contre la base de Wagadou dans le Nord du Mali. L´objectif de l´armée mauritanienne qui est membre du commandement opération des états majors des pays sahélo-sahariens, mis en place à Tamanrasset, est de détruire le nouvel arsenal de guerre au maniement duquel Aqmi est en train de s´entraîner. C´est à l´aide d´une partie de ces armes libyennes, moins sophistiquées que les Sam 7, donc plus maniables sur le terrain des opérations, qu'Aqmi a lancé, à son tour mardi dernier une attaque contre la caserne de Bassiknou se trouvant à 45 km de la frontière malienne. En attendant que ses éléments terminent leur formation (assurée par qui ?) sur l´utilisation des missiles sol-air qui nécessite une qualification d´officier. Le ministère français des Affaires étrangères a rendu hommage à la combativité des forces mauritaniennes face à un ennemi qui tente d´implanter ses bases au plus près de la zone atlantique pour consolider le trafic d´arme, de drogue et de crime organisé qui sert à financer les activités de terrorisme dans le nord de l´Afrique. Principalement en Algérie où les foyers de terrorisme sont acculés à la défensive sous la pression constante des forces de l´ANP. Les craintes de Richard Ots Le directeur du bureau de l´Officie international des migrations de l´ONU de Nouakchott, l´Américain Richard Ots, a confirmé à son tour récemment qu'Aqmi a acquis en Libye non seulement des Sam 7 russes mais également des missiles américains de type Stinger dont sont dotées les armées de l´OTAN. « Une fois que les terroriste auront appris le maniement de ces missiles antiariens, la menace sera encore plus grande pour la couverture aérienne des armées du Sahel, Mauritanie, Mali et Niger, ainsi que pour les avions de ligne», avertit Richard Ots. Un danger immédiat pour les armées du Sahel sous-équipées et, à terme, pour les forces de l´OTAN déployées au sud de la Méditerranée. Les groupes des Algériens Abdelhamid Abou Zeid et de Mokhtar Benmorkhtar n´ont pas la capacité de manœuvre suffisante pour atteindre cet objectif. Pour l´instant, ils évitent soigneusement le face-à-face avec les troupes d´élite de l´ANP en s´éloignant au maximum de la zone d´opération de l´armée de l´air algérienne qui est parvenue à détruire convois sur convois de trafiquants d´armes dans l´extrême sud du pays. Les trafiquants de matériel de guerre libyen les plus actifs en ce moment sont généralement des touaregs établis en Libye qui ont fui la guerre dans ce pays emportant avec eux des armes prises aux soldats de Kadhafi jusque dans les camps qu´ils ont dressés au Mali. Dans le fief et pour le compte d'Aqmi. La conférence d´Alger Il faut donc attendre la Conférence régionale sur la lutte contre le terrorisme au Sahel qui se tiendra en septembre prochain à Alger pour mesurer le degré d´engagement pour la sécurité et la stabilité de la région sahélo-saharienne des puissances militaires membres du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Chine) qui seront présentes à ce rende-vous aux côtés de l´Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger. La guerre de Libye aura-t-elle alors pris fin ?