Certaines spécialités connaissent un réel manque L'école de formation de Sour el Ghozlane et celle prévue à Bouira ne pourront pas satisfaire la demande en agents paramédicaux. Bouira compte 5 établissements publics hospitaliers implantés dans les 5 anciennes daïras que sont Bouira, Sour El Ghozlane, Aïn Bessem, M'Chedallah et Lakhdaria. A l'exception de celui de Bouira, Mohamed-Boudiaf, réalisé après l'Indépendance, les quatre autres datent de l'époque coloniale. A M'Chedallah il était baptisé hôpital Maillot en hommage à un médecin français. Depuis moins de deux ans il a bénéficié d'une réfection et d'une remise à niveau qui font de lui un établissement aux normes. Pour atténuer la pression qui s'exerce, les responsables ont inscrit un autre établissement. Celui de Lakhdaria a eu ses heures de gloire à l'orée de la période socialiste quand il était doté de médecins des pays de l'Est et de Cuba. Situé sur l'axe de la RN 5 il était l'unique établissement qui recevait les accidentés. A Sour El Ghozlane, au sud de la wilaya, l'hôpital qui juxtaposait la caserne militaire disposait d'un pavillon pour malades mentaux. La région, qui reste l'entrée vers le grand Sud, dispose aussi d'un centre pour cancéreux et d'un centre hospitalier spécialisé pour aliénés mentaux. L'infrastructure de Aïn Bessem a nécessité une reprise après un attentat terroriste qui l'avait ciblé pendant les années de la tragédie nationale. La daïra de Bordj Okhriss a bénéficié d'un hôpital en réalisation actuellement. Pour atténuer les grandes pressions sur ces établissements, le ministère a agrandi la consistance infrastructurelle par la réalisation de plusieurs polycliniques, des salles de soins à travers les 48 communes de la wilaya. Le secteur privé a également investi dans le secteur en ouvrant des cliniques. Le chef-lieu en compte 4 dont une spécialisée pour les malades atteints d'insuffisance rénale. Ces efforts butent hélas! sur le manque de personnel. La wilaya de Bouira et selon les chiffres de la direction, enregistre un déficit de plus de 1000 paramédicaux. L'école de Sour El Ghozlane requalifiée Institut national et la prochaine école prévue à Bouira ne pourront pas satisfaire cette immense demande dans l'immédiat. Un point noir reste le dénominateur commun à toutes ces structures. Les services des urgences et de la maternité. Ces deux services connaissent des difficultés dues en partie au manque de personnel, au manque de gynécologues mais aussi à l'incivisme de certains citoyens. A l'hôpital Mohamed-Boudiaf par exemple, l'accueil des patients est assuré dans deux box de tri. Les deux généralistes en exercice assurent aussi la permanence pour la maternité située à l'entrée de l'établissement. Le couloir des urgences ne désemplit jamais. Certains malades sont accompagnés par des dizaines de personnes qui obstruent les entrées. D'autres citoyens se rendent dans ce service juste pour une injection. Des accrochages sont constatés dès que les préposés à la sécurité ou les paramédicaux renvoient ces personnes aux établissements de proximité. Le manque de médicaments et de moyens constitue le grand écueil pour les médecins qui se limitent à des prescriptions conjoncturelles comme atténuer la douleur, administrer des perfusions... des traitements de fortune. L'appât du gain n'a pas ménagé le secteur puisque quelques médecins dirigent les malades vers des établissements privés. L'affaire dite de l'hémodialyse qui a, il y a quelques années, éclaboussé le secteur, est là pour confirmer les dires de certains patients qui soupçonnent une volonté de casser le secteur public. Le récent limogeage du directeur de l'EPH de Lakhdaria est une autre preuve que dans nos établissements les choses ne vont pas bien. Alors que le monde entier parle d'un manque de spécialistes, cet établissement disposait de trois ophtalmologues affectés dans le cadre du service civil mais qui, selon les éléments de l'enquête, travaillent une journée par mois seulement. La décision gouvernementale d'interdire l'introduction de la literie et des aliments dans les enceintes hospitalières est différemment appréciée. La prise en charge des malades est totale. Les repas sont aux normes. Le seul point qui reste une pomme de discorde entre les parents et la direction concerne les diabétiques qui, selon un patient, membre de l'association de wilaya des diabétiques, ont des repas aux mêmes heures et de même consistance que les autres malades. Pour l'administration, l'argument est faible et même si les hôpitaux ne disposent pas de spécialistes en diététique, les repas sont établis à la carte et avec l'accord des médecins traitants. A la question concernant les spécialistes, les responsables du secteur se défendent et rejettent la balle. L'administration a consenti des mesures attractives comme le logement meublé. Les spécialistes et pour des raisons personnelles, dont la rémunération, préfèrent le secteur privé. Certaines spécialités connaissent un réel manque nous affirmera un responsable exigeant l'anonymat. Même si l'Etat a consenti des efforts énormes pour améliorer le secteur en réalisant des structures, l'impact direct reste minime dans la mesure où se soigner reste une autre maladie qu'il faut affronter.