Le présumé assassin du DGSN Ali Tounsi, a rejeté toutes les accusations portées contre lui Il se défend en langue française en reprenant toutes les fausses allégations colportées contre lui. Très, très tôt, Maître Menaceur, Maître Belarif, Maître Fatiha Sahraoui, Maître Brahimi, Maître Menasria ont été rejoints dans la salle des «pas perdus» par Maître Bouchina et Maître Douane et les probabilités de la tenue du procès ABM/DGSN étaient balancées avec même l'octroi de la liberté provisoire à certains inculpés en cas d'un quatrième report. A ne pas souhaiter, honnêtement. Dans la salle d'audience, Assia Chekel, la jeune présidente a changé de... khimar: auparavent blanc, elle est passée à la couleur bordeaux! Superstition? Est-ce que le blanc est le signe du linceul? et le bordeaux, celui de la passion? Il est neuf heures cinquante, la juge de Sidi M'hamed, (Alger) liquide les dossiers des non-détenus. Visiblement, elle veut gagner du temps alors que Benhadj le procureur de la République a donné de fermes instructions aux agents de l'ordre pour mieux prendre en charge les...journalistes. Il y a deux bancs réservés à cet effet et ce mercredi, tout le monde évoluera à l'aise. Ouf! enfin de la considération. Maître Lotfi Saïdi est le seul défenseur du collectif d'avocats d'ABM à se trouver dans la salle d'audience en pleine concentration. D'ailleurs, il sera vite rejoint par le trio Belarif-Sahraoui et Maître Gharbi. Dans le regard de Maître Mostefa Bouchachi, de Maître Tayeb Boutitaoui, Maître Nacéra Ouali, c'est le point d'interrogation. En cas de non-présentation des deux rapports capitaux du dossier, qu'est-ce qu'il y a lieu de faire? D'ailleurs, l'audience du 12 octobre s'était terminée en queue de poisson, les avocats s'étant retirés en guise de protestation, sauf Maître Brahimi qui était beaucoup plus soucieux de la détention de son client qu'il considère comme innocent et donc le plus tôt... sera le mieux. La longue attente Côté service d'ordre, la vigilance est montée d'un cran. L'officier du poste ne permet aucun écart... Comment a éclaté l'affaire ABM/DGSN? Qui a donc déclenché l'infernale situation que vivent seize familles dont un ou deux membres croupissent en taule? Pourquoi Chouaïeb Oultache, déjà en attente du procès en criminelle où il est l'assassin présumé, s'est-il trouvé entraîné dans le même «trousseau» que son gendre Toufik S. Les inculpations que traînent les inculpés sont formellement niées par la partie engagée dans la g... du loup. Leurs avocats suivent et avant même d'aller au fond, l'unique demande du collectif des robes noires n'est pas encore satisfaite car si les deux fameux rapports intérieurs à la Dgsn sont parcourus, il n'est plus question ni de la passation de marchés douteux, ni d'abus de pouvoir, ni de détournements de fonds, rien, pas même de complicité de quoi que ce soit. Et c'est Maître Fayçal Ben-Abdelmalek, l'avocat d'un inculpé qui crie... qui est un des premiers «râleurs» dans ce dossier où l'on relève aussi «l'association de malfaiteurs, octroi d'avantages à titre de complaisance, et autre trafic d'influence». En un petit mot, c'est la potence! Et au milieu de cet océan d'inculpations, Maître Nacéra Ouali est décidée: «Aujourd'hui, je plaide. Je ne supporte plus de voir mon client croupir encore en taule!», confie-t-elle à mi-voix, juste pour ne pas agacer Chekal, la présidente qui écarte un auteur de coups et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche. Il est dix heures passées de trente sept minutes et le procès ABM/DGSN ne montre pas encore le bout du nez. C'est plutôt Maître Kamel Maâchola qui arrive en trombe pour saluer son jeune confrère Maître Saïdi du Val d'Hydra et Maître Mustapha Oukid qui est sorti tôt de Boufarik et a mis plus de quatre-vingt-dix minutes pour traverser Sidi Aïd, Birtouta, Baba Ali, Bir Mourad Raïs, Mouradia, Didouche Mourad et Abane-Ramdane qui étouffent sous une circulation «assassine». Onze heures pile, les six détenus de l'affaire ABM/DGSN entrent dans le box. Chekal appelle les inculpés et témoins, tous les défenseurs sont dans la salle d'audience bondée, comme d'habitude. Le climatiseur géant fonctionne et on respire bien. Les conditions sont réunies pour débuter les débats. Les détenus sont debout. La moustache bien taillée, Chouaïeb Oultache, comme ses compagnons de détention, a un regard doux en direction de ses proches qui ont le coeur qui bat et fort, SVP. Maître Tayeb Belarif sera le premier à intervenir pour re-re-re-demander les fameux documents sans quoi il n'y aura pas de débats possibles avec eux. La présidente écoute, prend note et se lève. Le public avec, pour aller délibérer dans l'arrière-salle. Zahia Houari, la parquetière, la suivra neuf secondes après. Maître Brahimi, même sagement assis, reste «debout» car il a été le seul à avoir demandé le renvoi le 12 octobre pour permettre aux inculpés de... constituer leurs avocats, ou à défaut, de se concerter avec leurs conseils qui s'étaient retirés pour protester contre le silence du tribunal concernant la présentation des fameux documents. Un proche d'un détenu, venu de Jordanie, est prié de regagner sa place, au grand dam de Maître Fatiha Sahraoui qui s'était sentie offusquée devant le «Niet» de l'officier debout au box, refusant toute facilité à l'endroit des détenus. La présidente revient dix minutes après. Elle rejette (encore) la demande des défenseurs. C'est du glaçon qui «douche» les avocats qui acceptent la décision du tribunal mais par la bouche de Maître Belarif, demandent donc l'annulation des poursuites et des soucis hebdomadaires. Après l'excès de colère d'un de ses avocats, Chouaïeb Oultache, inculpé de dilapidation de fonds publics, d'association de malfaiteurs et d'abus de pouvoir, jette un regard circulaire et commence par la genèse de l'affaire. Il se défend en langue française en reprenant toutes les fausses allégations colportées contre lui et dit sa détermination à dire qu'il n'a jamais touché à la saleté du détournement de fonds ni d'abus de pouvoir. Puis il entre dans les détails techniques des marchés en refusant d'accepter une quelconque inculpation car «j'ai toujours fait mon boulot dans la clarté, l'Inspection générale était passée et n'avait rien à redire ni sur ABM ni sur la Dgsn. On a ramassé les meilleurs cadres de la direction pour les jeter dans la mélasse sans preuves, ni témoins. C'est une honte», avait-il balancé depuis le box. Une grande éloquence Ce qui fera littéralement exploser son avocat, Maître Belarif, qui a crié que jamais «cette robe ne servira d'alibi pour exécuter Oultache car on a décidé de l'exécuter!» Il faut aussi vite souligner l'aisance dans la manière de s'exprimer en français et en arabe de l'inculpé que toute l'assistance écoutait religieusement y compris la présidente et la procureure qui ont l'âge de ses enfants cadets. Il précisera même que durant tout le temps où il dirigeait les activités, il prenait tous les soirs le café avec Ali Tounsi pour faire le point de ce qui a été fait ou pas. Pour le marché des imprimantes, il répondra juste, documents à l'appui: «Notre choix était juste et personne n'a trouvé à redire», dira-t-il. Avant de clore ce papier, car avec le nombre effarant d'inculpés et de témoins, outre la trentaine d'avocats, signalons la magnifique prestation de Oultache qui a passé le temps d'un match de foot, sans prolongation, à expliquer que toute cette affaire est bâtie sur du... vent: «Mes cadres ont refusé de hauts salaires, avec autos et nids chauffés, climatisés, pour servir leur pays qui le leur rend mal. Quel gâchis! Madame la Présidente. D'énormes marchés qui ont fait de la Dgsn une institution d'avant-garde, en pointe de la technologie hors pair et de ses cadres, de vulgaires malfaiteurs», aurait-il conclu, l'air grave et une gestuelle qui en disait long sur sa décontraction donc de son innocence dans ce dossier. A l'heure où nous mettons sous presse, les débats continuent, il va falloir beaucoup de tonus à la jeune présidente pour écouter tout ce beau monde et surtout les turbulents avocats tels Maître Ksentini et autres Maître Lotfi Saïdi.