Chaque lecteur a eu droit à une dédicace à part L'espace d'un après-midi, cette librairie a connu des moments pleins d'émotion. La vente-dédicace de l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale, a drainé la grande foule. Samedi dernier, rendez-vous était pris avec le livre mais aussi avec les retrouvailles puisqu'une vente-dédicace telle que celle-là a permis à Karim Younès de retrouver des amis d'enfance qu'il n'avait pas revus depuis cinquante ans. En venant se faire dédicacer «De la Numidie à l'Algérie, grandeurs et ruptures» (Casbah Editions), une bonne partie des lecteurs avait déjà lu l'ouvrage. Certains l'ont lu deux fois à l'instar de l'ancienne ministre et écrivaine Leïla Aslaoui. Cette dernière, en arrivant devant Karim Younès, ne se retient pas de dire ce qu'elle pense du livre: «Il est magnifique et prémonitoire. Je l'ai lu deux fois. Je veux une dédicace pour ma petite fille car je ne saurais pas lui raconter l'histoire de l'Algérie comme vous le faites.» Karim Younès, arborant constamment un sourire, réagit avec sérénité à cette somme d'éloges. Dans la librairie, on reconnaît plusieurs visages familiers de l'écran de télévision tels le journaliste sportif Mourad Boutadjine ou encore l'ancien présentateur du journal de 20h, Ali Gheras. Parmi l'assistance, figurent aussi d'anciens ministres à l'instar de Mustapha Mokraoui, Isly Mohand Arezki, Kahlouche Lahcène et plusieurs hauts responsables de l'Etat. De la foule, surgissent de temps à autre des sexagénaires, hommes ou femmes, qui ont le privilège d'avoir connu Karim Younès dans leur tendre enfance à l'instar d'une dame. Cette dernière n'a pas cessé de titiller, avec diplomatie, l'écrivain qui lui répondait avec tact. C'était en fin de compte une ancienne camarade de classe dans la ville de Béjaïa. Une multitude de souvenirs surgit alors des esprits. On évoque, avec nostalgie, pendant quelques minutes la ville de Béjaïa, ses saints et ses splendeurs que tant de poètes ont immortalisées dans des vers. Karim Younès souligne que dans son livre, il reproduit un poème sur Béjaïa écrit depuis mille ans. Et il récite de mémoire quelques strophes. Juste après, et au moment où Karim Younès signait des piles de livres entreposés sur la table, un autre homme lance spontanément: «Merci Monsieur Younès de m'avoir cité dans votre livre». Il s'agit d'un ancien ami d'enfance également dont Karim Younès parle dans son ouvrage. L'écrivain dédicaçait ses livres en réservant à chacun de ses lecteurs un message de sympathie différent. Chaque lecteur a eu droit à une dédicace à part. C'est la manière de Karim Younès de remercier ses lecteurs mais aussi ces personnes avec lesquelles il partage certainement des idées et des idéaux. Karim Younès s'est levé des dizaines de fois pour saluer ses lecteurs dont une bonne partie est constituée d'amis d'hier, d'aujourd'hui et de toujours. Cette séance de vente-dédicace s'est déroulée dans une ambiance conviviale remarquable. Elle ressemble à plus d'un égard, à une fête familiale. L'ancien ambassadeur d'Algérie en Allemagne Madjid Benchikh échange des amabilités avec l'auteur. Puis de nombreux cadres de la nation arrivent et patientent. Des jeunes aussi sont au rendez-vous. Un homme se plaint que les gens ne font pas la queue. Mais il feint d'ignorer que ce désordre fait partie du décor de cette ambiance familiale. Karim Younès a fait preuve d'un sens de l'humour déconcertant. Des plaisanteries qui vont pousser l'hôte d'Ali Bey, gérant de la librairie du Tiers-Monde, à appeler carrément un des lecteurs «cheb Bilal» pour la frappante ressemblance. Une plaisanterie tellement bien maniée qu'une jeune fille ne manqua pas d'exprimer son étonnement. La séance de vente-dédicace a été interrompue plusieurs fois pour permettre aux journalistes de recueillir les propos de l'auteur dont l'interview accordée à notre journal.