Les affrontements entre soldats, membres des forces de sécurité et déserteurs ont redoublé d'intensité samedi en Syrie, faisant 47 morts en 24 heures dans les rangs des forces du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Vingt soldats ont péri dans la journée de samedi lors d'affrontements entre l'armée et des hommes armés, probablement des déserteurs, dans le quartier de Baba Amro à Homs (centre), a indiqué l'OSDH. Cinquante-trois autres blessés ont été hospitalisés, selon la même source. Des affrontements similaires ont fait au moins 17 morts parmi les soldats dans la nuit de vendredi à samedi à Homs, selon l'OSDH. En outre, dix membres des forces de sécurité et un déserteur ont été tués dans une embuscade tendue par des déserteurs présumés contre un car transportant des agents de sécurité entre les villages al-Habit et Kafrnabouda dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon la même source. Parallèlement, douze civils ont été tués samedi à Homs et dans sa région, haut-lieu de la contestation contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, par des tirs des forces de sécurité, de tireurs embusqués et par un pilonnage aux mitrailleuses lourdes, selon l'ONG. D'autres civils, dont le nombre n'a pas pu être précisé, ont été tués à leur domicile par des tirs des forces de sécurité, a-t-elle ajouté. D'après l'OSDH, la région de Homs, troisième ville de Syrie, «a donné 40% des martyrs de la révolution syrienne», dont la répression depuis le 15 mars a fait, selon l'ONU, plus de 3.000 morts. La Ligue arabe et le secrétaire général des Nations Unies ont condamné les meurtres de civils en Syrie, au lendemain d'une journée de violences qui avait déjà fait une cinquantaine de morts vendredi. «Le comité ministériel arabe a exprimé son rejet des meurtres de civils qui se poursuivent en Syrie et l'espoir que le gouvernement syrien prendra les mesures nécessaires pour les protéger», a affirmé la Ligue arabe dans un message adressé au président Bachar al-Assad. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé de son côté «la fin immédiate des opérations militaires contre les civils». «La violence est inacceptable et doit cesser immédiatement», a-t-il dit, exhortant les autorités à entreprendre "des réformes ambitieuses" pour répondre eux attentes de la population. A Damas, le ministère syrien des Affaires étrangères s'est déclaré «étonné que le comité arabe ait basé sa position sur les mensonges diffusés par les chaînes de télévision qui incitent» à la violence, selon un communiqué rapporté par l'agence officielle Sana. «Le comité aurait dû aider à calmer (les choses) et parvenir à une solution pour obtenir la sécurité et la stabilité en Syrie au lieu de raviver les dissensions» , a-t-il poursuivi, assurant que le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, informerait le comité dimanche à Doha «de la véritable situation en Syrie». De nouvelles discussions sont prévues dimanche au Qatar entre des responsables syriens et une délégation ministérielle de la Ligue arabe, qui a proposé sa médiation pour trouver une issue à la crise. Cette délégation avait été reçue mercredi par M. Assad, une rencontre que les ministres arabes avaient qualifiée de «franche et amicale». Vendredi, la Syrie avait connu l'une des journées les plus violentes depuis des semaines, avec 36 civils tués par les forces de sécurité cherchant à disperser des manifestations, essentiellement à Homs et à Hama (centre), selon des organisations syriennes de défense des droits de l'Homme. Les militants anti-Assad avaient appelé à manifester pour réclamer une zone d'exclution aérienne au-dessus de la Syrie, à l'image de la Libye, afin de donner plus de latitude à l' «armée syrienne libre», une force d'opposition armée formée essentiellement de déserteurs. Samedi, une société américaine spécialisée dans les moyens de censure sur internet, Blue Coat Systems, a confirmé que Damas utilisait ses produits pour bloquer les activités en ligne des opposants au régime, affirmant que des dispositifs de filtrage vendus au ministère irakien des Communications ont été mystérieusement mis en service en Syrie.