Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir en Egypte depuis la chute du président Hosni Moubarak en février, a refusé lundi soir la démission du gouvernement, qui a cependant maintenu sa renonciation à conduire le cabinet de transition. Le ministre de l'Information Osama Haikel, cité par l'agence officielle Mena, a ensuite déclaré que l'armée ne s'était pas encore prononcée, laissant planer l'incertitude sur cette vacance à une semaine du premier scrutin législatif depuis le départ de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par une révolte populaire le 11 février. Dans la soirée d'hier, le porte-parole du cabinet, Mohamed Hijazi, avait annoncé que le gouvernement avait présenté sa démission «au vu des circonstances difficiles que traverse actuellement le pays», selon des propos rapportés par l'agence officielle Mena. Lundi matin, le ministre égyptien de la Culture, Emad Abou Ghazi, avait déjà annoncé sa démission pour protester contre la réaction du gouvernement face aux violences entre manifestants et forces de l'ordre. Depuis samedi, des affrontements meurtriers opposent la police à des milliers de manifestants, notamment sur l'emblématique place Tahrir au Caire. Vingt-six personnes ont officiellement péri dans ces heurts qui touchent plusieurs villes du pays, où une révolte populaire a poussé M.Moubarak au départ le 11 février. Ces violences, qui ont également fait plusieurs centaines de blessés, interviennent à une semaine du début des premières élections législatives depuis la chute de M. Moubarak, prévues le 28 novembre et qui doivent s'étaler sur plusieurs mois. M.Charaf, nommé à la tête du gouvernement en mars, était très populaire à son arrivée parmi les militants pro-démocratie, mais son image s'est ensuite ternie en raison du peu de pouvoir de son gouvernement face à la tutelle de l'armée et de la lenteur de la mise en oeuvre de réformes. Hier, l'armée qui a engagé un, dialogue avec les forces politiques égyptiennes envisagerait la possibilité de désigner Mohamed El Baradei à la primature du gouvernement. Le nom de M.El Baradei (prix Nobel de la paix et ancien directeur de l'agence onusienne de sécurité nucléaire, Aiea) a été évoqué dans une réunion hier entre le Csfa et diverses forces politiques, dont l'influent mouvement des Frères musulmans, selon cette source présente à la rencontre, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat. Le nom d'Abdelmoneim Aboul Fotouh, candidat potentiel à la présidence et ancien membre des Frères musulmans, a également été évoqué lors de ces entretiens centrés sur la présentation de la démission du gouvernement Charaf.