Le chef du gouvernement égyptien, Essam Sharaf, doit annoncer aujourd'hui la composition de son nouveau cabinet Une partie de la population accuse le pouvoir de faire traîner les réformes démocratiques et sociales promises. Dans le souci d'accompagner la volonté du peuple, le Premier ministre égyptien Essam Sharaf doit présenter, aujourd'hui, un nouveau gouvernement. Pour tenter d'apaiser la contestation qui dure depuis une semaine dans le centre du Caire, Essam Sharaf, dont l'arrivée à la tête du gouvernement en mars avait été saluée par les mouvements opposés à Hosni Moubarak, fait face à une vague grandissante de mécontentement, de même que le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Egypte depuis la chute de l'ancien président, le 11 février dernier. Vendredi, des milliers de manifestants étaient descendus dans les rues du pays pour réclamer un plan clair et transparent qui accompagnera la transition au sommet de l'Etat; alors que depuis le 8 juillet, des manifestants campent sur l'emblématique place Tahrir au Caire. Dans cette optique, le Premier ministre égyptien Essam Sharaf s'apprête à annoncer un vaste remaniement, avec des changements déjà prévus aux Affaires étrangères et aux Finances, visant à apaiser les critiques contre le gouvernement de transition et l'armée. M. Sharaf doit donc annoncer, aujourd'hui, une refonte de son équipe, mais selon l'agence officielle Mena, il a déjà soumis hier, une nouvelle liste de ministres au Conseil suprême des forces armées (CSFA), à la tête de l'Egypte depuis le départ de Hosni Moubarak. Réclamant la mise à l'écart de personnalités jugées proches de l'ancien pouvoir, une quinzaine de ministres au total pourraient, selon la presse locale, être remplacés. D'ailleurs, M. Sharaf s'est déjà choisi hier deux adjoints à la tête du gouvernement, un économiste expérimenté, en premier lieu Hazem Beblawi. Il supervisera la politique économique dans le futur gouvernement remanié. Son second adjoint, M. Silmi, sera chargé des questions liées à la «transition démocratique». Il cumulera également ses fonctions avec celles de ministre des Finances, un poste détenu par Samir Radwane, démissionnaire après avoir connu des déboires avec un projet de budget revu de fond en comble à la demande des militaires. Le nouveau chef du gouvernement adjoint et ministre des finances, Ali al-Silmi, est un membre influent du Wafd, un parti libéral dans l'opposition du temps du président Moubarak. MM. Beblawi et Silmi remplacent le Premier ministre adjoint, démissionnaire, Yahia al-Gammal. Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères, Mohammed al-Orabi, en poste depuis moins d'un mois en remplacement de Nabil Al Arabi élu à la tête de la Ligue arabe, a annoncé dès samedi soir sa démission. Diplomate de carrière et ancien ambassadeur sous M. Moubarak, M. Orabi était jugé par nombre de manifestants comme proche du régime renversé le 11 février dernier. Il a indiqué qu'il démissionnait, quatre semaines à peine après sa nomination, «pour épargner au Premier ministre tout embarras pendant les négociations sur le remaniement en cours», a indiqué l'agence officielle Mena. Dans un communiqué publié hier soir sur sa page Facebook, le Conseil suprême des forces armées (Csfa), s'est engagé à ne juger devant des tribunaux militaires que les affaires de viols, d'agressions de policiers et d'attaques armées. Cette décision vient en réponse à une des revendications du mouvement de protestation qui sillonne, de nouveau, les rues égyptiennes. En effet, en charge du pays depuis la chute du président Hosni Mobarek, l'armée égyptienne à promis de limiter le recours aux tribunaux militaires pour juger les civils. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme entre 6000 et 10.000 procès de civils se sont tenus depuis février devant des cours militaires. L'armée a aussi prévenu que si elle comptait respecter les manifestations pacifiques, elle ne se gênerait pas à intervenir en cas d'atteintes aux biens publics ou privés. Une partie de la population accuse le pouvoir de faire traîner les réformes démocratiques et sociales promises. De nombreux Egyptiens lui reprochent également de manquer de fermeté pour faire juger les dignitaires de l'ancien régime et les policiers responsables de la répression lors du soulèvement de janvier-février, qui a fait officiellement près de 850 morts.