Les chiffres de l'emploi publiés vendredi à Washington ont fait apparaître une chute du chômage américain à son niveau le plus faible en plus de deux ans et demi, et des embauches insuffisantes pour permettre à cette baisse de se prolonger durablement. Le taux de chômage officiel aux Etats-Unis a reculé en novembre de 0,4 point par rapport à octobre, pour s'établir à 8,6% et retrouver ainsi son niveau de mars 2009, selon le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail. A l'exception de deux mois (février et mars 2011), le chômage n'avait plus été inférieur à 9,0% depuis le mois de mai 2009. Selon les données du ministère, le nombre de chômeurs a enregistré en novembre sa baisse mensuelle la plus forte depuis juillet 1983. Cette année-là, les Etats-Unis, dirigés par le président Ronald Reagan sortaient de la grande récession du début des années 1980 et connurent une croissance économique de 4,5%. Le rapport sur l'emploi est composé de deux volets: une enquête auprès des ménages, qui détermine le taux de chômage, et une autre auprès des entreprises qui permet d'apprécier les embauches. Selon cette deuxième enquête, les embauches ont progressé de 20% mais restent inférieures au minimum de 150.000 créations d'emplois jugé nécessaire pour permettre au chômage de baisser puisque l'économie américaine n'a créé en novembre que 120.000 postes en net. «Ça fait du bien de voir le taux de chômage baisser, mais si nous voulons voir cela continuer, il va falloir que les entreprises embauchent bien plus qu'elle ne l'ont fait en novembre», a estimé Joel Naroff, de Naroff Economics. Se gardant de tout triomphalisme, la Maison Blanche a jugé que l'économie continuait «de remonter la pente» mais a jugé que «le rythme de l'amélioration n'était toujours pas suffisamment rapide». «L'économie mondiale reste fragile, et toutes les économies sont liées par le commerce et la finance», a noté Alan Krueger, principal conseiller économique du président Barack Obama (démocrate), alors que la situation de l'Europe inquiète de plus en plus le monde entier. Un autre chiffre assombrit quelque peu la bonne nouvelle sur le front du chômage: la baisse de 0,2% du salaire hebdomadaire moyen dont témoignent les données du ministère. Pour Jeffrey Rosen, du cabinet d'économistes Briefing, «la conséquence la plus probable, dans l'environnement économique actuel, est que les consommateurs vont rogner sur leurs dépenses jusqu'à ce que leurs revenus recommencent à progresser de façon régulière», ce qui maintiendrait une croissance faible. D'autres analystes font un lecture radicalement différente en s'appuyant sur le fait que le gouvernement a revu une nouvelle fois en forte hausse ses estimations des créations d'emplois des deux mois précédents. Pour ceux de la maison de courtage Nomura, «les révisions des chiffres précédents sont devenues la norme et sont le signe d'un amélioration profonde de l'économie américaine». Ceux de RDQ Economics y voient la preuve que «la croissance économique gagne de l'élan». Néanmoins, prévient Michael Gapen, de Barclays Capital, il faut s'attendre à une remontée du chômage «dans les mois qui viennent», car si la situation s'améliore, nombre de chômeurs découragés vont se remettre à chercher du travail et à être de nouveau comptabilisés dans les statistiques.