Siège du Palais du gouvernement En principe, c'est à un duel classique, qui devrait opposer le FLN au RND, qu'il faudra s'attendre sauf si un parti, trublion en puissance, ne vienne brouiller les cartes. Les islamistes algériens se tiennent en embuscade en essayant de surfer sur la vague verte qui a submergé les pays du Maghreb tandis que leurs concurrents directs (ceux de l'Alliance présidentielle, FLN et RND) affûtent leurs armes et ne semblent pas avoir dit leur dernier mot, notamment en ce qui concerne le Front de libération nationale qui pourtant, fait face à une fronde tenace qui risque de considérablement l'affaiblir lorsque la bataille sera lancée, mais il demeure incontestablement la première force politique pour le moment. En principe, c'est à un duel classique, qui devrait opposer le FLN au RND, qu'il faudra s'attendre sauf si un parti, trublion en puissance, ne vienne brouiller les cartes. Quelle formation politique peut dans un tel cas venir brouiller les cartes? Quelles sont les forces en présence? Le MSP Bouguerra Soltani avait pensé, il y a déjà plus de deux ans, que son heure était arrivée pour prendre les commandes du pays. Un vieux projet que le charismatique leader du Mouvement de la société pour la paix, le défunt Mahfoud Nahnah, a mis en oeuvre par le biais de sa stratégie de l'entrisme qui, en définitive, pourrait coûter, aujourd'hui, au MSP sa place de 3e force politique. Que disait donc son successeur il y a près de trente mois? «Vous savez, cette année-là (2012, Ndlr) coïncidera avec le 50e anniversaire de l'indépendance du pays. Nous avons toujours prédit qu´il nous faut au moins un demi-siècle afin que la génération qui a libéré le pays transmette le flambeau à la génération de l´Indépendance. Nous avons coché cette date parce qu´elle coïncide avec le 50e anniversaire de l´indépendance du pays. Et nous représentons justement cette génération et ses préoccupations futures», avait confié le 29 août 2009 dans une interview fleuve accordée au quotidien arabophone Asharq el-Awsat, le leader du MSP, qui s´est fixé comme objectif la conquête du pouvoir à travers les élections législatives de 2012. La machine de la stratégie d'accession au pouvoir de la mouvance islamiste «soft» incarnée par le MSP, pourtant bien huilée, a connu des grincements qui ont laissé des traces. Des «incidents» de parcours qui devraient sérieusement hypothéquer les chances de Bouguerra Soltani de parvenir au pouvoir. Il a dû faire face à un mouvement de redressement incarné par Abdelmadjid Menasra, un de ses ex-lieutenants tandis que sa participation aux différents exécutifs, pratiquement sans interruption depuis les élections pluralistes, présidentielle de 1999, sont perçues comme des compromissions qui ont biaisé la trajectoire de sa formation politique. Le Parti des travailleurs Par ailleurs, la mouvance islamiste, qui donne l'impression d'avancer en rangs dispersés, ne doit logiquement pas faire le poids (moins de 4% aux dernières élections) devant ses éternels rivaux, à savoir le FLN et le RND. Il est vrai que voir à la tête du gouvernement une femme, en plus d'être vécu comme un événement historique, représenterait par ailleurs, un formidable pied de nez à l'histoire et un juste retour des choses. Cela ne rendrait que justice à la femme algérienne à la veille de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance particulièrement pour le rôle qu'elle a joué pendant la guerre de Libération nationale. Une revanche sur une société dont les statistiques récentes confirment le «machisme». Louisa Hanoune peut rêver d'une prise de pouvoir fulgurante mais les performances de son parti aux dernières élections nationales (présidentielle et législatives) n'incitent pas à concevoir un tel scénario. Il faut aussi noter que les quelques dissidences qui ont marqué la vie du parti ne plaident pas non plus à jouer en sa faveur et malgré des positions tranchées par rapport à d'autres formations politiques sur des questions d'ordre social (augmentation des salaires, chômage...) ou de politique internationale, la secrétaire générale du Parti des travailleurs semble plutôt confinée à un rôle d'outsider. Les autres partis Si le FNA s'est fait une place au soleil, rien n'indique cependant qu'il a les dents assez longues pour jouer dans l'immédiat les premiers rôles quand bien même il aura supplanté la formation de Bouguerra Soltani lors des dernières élections locales de 2007. Une percée notoire qui ne garantit toutefois pas une victoire retentissante en 2012. Le RCD, qui a participé à un gouvernement avant de se retirer suite aux événements du Printemps noir (2001) qui ont endeuillé la Kabylie, a connu des défections de poids (Benyounès qui a créé son propre parti et Khalida Toumi, actuellement ministre de la Culture). Malgré quelques percées, le parti de Saïd Sadi a du mal à s'implanter de manière significative au niveau national. Le Front des forces socialistes qui a, quant à lui, boycotté les élections législatives de 2007 a renforcé son équipe. Avec Laskri aux commandes et le retour de poids lourds (Bouaïche, Ahmed Djeddaï et Dalila Taleb) donne des signes évidents qu'il compte se lancer dans l'arène avec un «staff» étoffé et rompu à ce genre de compétition. Le parti d'Aït Ahmed peut prétendre à une place sur le podium, éventuellement la 3e. Pour les deux premières, Abdelaziz Belkhadem et Ouyahia se livreront un duel sans merci.