42 milliards de dollars, c'est le montant de l'enveloppe financière engloutie par les importations algériennes, tous secteurs confondus, à la fin du mois de novembre 2011. La fin de l'année se terminera sur un bilan plus que mitigé pour l'actuel gouvernement si l'on considére que les augmentations des revenus, notamment celles décidées en faveur des petites pensions, sont du ressort du président de la République. Attendue depuis la tenue de la dernière tripartite (29 septembre 2011), la décision a été prise finalement par Abdelaziz Bouteflika. La flambée des produits de large consommation (légumes secs ou frais, sucre, huile, café...) n'a pas été jugulée, le pouvoir d'achat des Algériens continue de s'éroder malgré les mesures prises pour l'amélioration de leurs salaires. La question du logement demeure chronique malgré deux plans quinquennaux où il a été annoncé la construction de pas moins de 3 millions de logements. Sur le plan de la protestation, les métallurgistes de la zone industrielle de Rouiba crient leur mal-être. «Je travaillais chez ERC. Je fais partie de la vingtaine de personnes à avoir été licenciées par le directeur de l'unité après avoir demandé une commission d'enquête sur une affaire qu'il a conclue», a confié l'un d'entre eux sur le site de TSA. Ils ont décidé de battre le pavé lundi au coeur de la capitale pour faire entendre leurs doléances. Le complexe sidérurgique d'El Hadjar qui était considéré comme le fleuron de l'industrie algérienne - il avait pour objectif de servir de locomotive à la mise en oeuvre d'une économie productrice de richesses - n'est plus que l'ombre de lui-même aujourd'hui. Comme il n'a pas pu être mis un frein à la vertigineuse hausse de la facture des importations qui révèle une autre «tare» de l'économie: son étroite dépendance par rapport au secteur des hydrocarbures. L'addition sera salée d'ici la fin de l'année. Probablement plus de 45 milliards de dollars. Un record en la matière qui fait de l'ombre à la bonne santé financière de l'économie algérienne fortement soutenue par la bonne tenue des cours de l'or noir qui se maintiennent largement au-dessus de la barre des 90 dollars le baril à New York. Les exportations en hydrocarbures, à elles seules, représentent près de 98% des recettes en devises engrangées par l'économie nationale. Sans qu'ils soient encore définitifs, les chiffres indiquent que les importations ont atteint près de 43 milliards de dollars pour les 11 premiers mois de l'année. Selon des statistiques publiées le 20 décembre 2011 par le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) durant cette période l'Algérie a importé pour un montant de 42,63 milliards de dollars contre 36,49 milliards pour la même période de l'année 2010. Ce qui représente une hausse de 16,83%. La balance commerciale demeure malgré tout excédentaire: 24,16 milliards de dollars. Soit une hausse de 49% par rapport à la même période de 2010. Quelles sont les raisons de cette embellie financière? Les exportations des hydrocarbures bien entendu. Elles ont augmenté de 26%, adossées à des cours robustes de l'or noir. Sur le montant global des exportations (66,80 milliards de dollars contre 52,74 milliards durant les onze premiers mois de 2010), la part des hydrocarbures s'est élevée à 96,94%: l'équivalent de 64,76 milliards de dollars contre 51,34 milliards durant la même période de l'année dernière. Ce qui représente une hausse de 26,14%. Les exportations hors hydrocarbures, ont franchi le seuil des 2 milliards (2,04 milliards de dollars exactement). Soit 3,06% du volume global des exportations, ont déclaré dans leur communiqué les services concernés des Douanes algériennes. Des chiffres qui soulignent à la fois l'impuissance et l'urgence de la mise en oeuvre d'une économie performante hors hydrocarbures. Un défi qu'aucun gouvernement n'a pu relever depuis l'accession de l'Algérie à son indépendance.