Environ 162.000 personnes, essentiellement des civils, ont péri de mort violente en Irak depuis l'invasion américaine de mars 2003, et le pays reste pris dans un «conflit de basse intensité» qui va continuer à faire de nombreuses victimes, estime une ONG lundi. Ce bilan, publié deux semaines après la fin du retrait de l'armée américaine d'Irak par Iraq Body Count (IBC), une ONG basée en Grande-Bretagne, fait également état de plus de 4.000 morts civils pour la seule année 2011. De mars 2003, date de l'invasion américaine en Irak au départ fin 2011 des derniers GI's, 162.000 personnes ont été tuées dans le pays selon un bilan établi par IBC en croisant ses propres statistiques (consacrées aux civils) avec celles des autorités irakiennes, les pertes américaines ainsi que des données révélées par le site Wikileaks (Iraq War Logs). IBC indique que Wikileaks a ainsi révélé l'existence de milliers de décès de civils dont elle n'avait pas eu connaissance au moment des faits. Sur les 162.000 tués recensés, «79% étaient des civils», souligne le rapport, le reste comprenant des membres des forces de l'ordre irakiennes, des soldats américains et des insurgés. Les policiers irakiens ont payé un lourd tribut avec 9.019 décès, tandis que 4.474 soldats américains sont morts en Irak. Bagdad a été la zone la plus touchée par les violences sur les civils, avec 2,5 fois plus de décès que la moyenne du pays, souligne IBC. Au moins 3.911 victimes recensées au cours des neuf années étaient des enfants. «La violence a atteint son pic fin 2006 mais est restée à un niveau élevé jusqu'au deuxième semestre 2008», relève IBC. Les forces de la coalition menée par les Etats-Unis sont directement responsables de la mort de 14.705 civils sur la période 2003-2011, dont «plus de la moitié au cours de l'invasion de 2003 et des sièges de Fallouja en 2004», note IBC. Les derniers soldats américains ont quitté l'Irak à la mi-décembre, honorant avec quelques jours d'avance un accord signé en 2008 entre Bagdad et Washington. Le Premier ministre Nouri al-Maliki a déclaré le 31 décembre «Jour de l'Irak» afin de célébrer ce retrait. «Notre travail vient juste de commencer», a-t-il souligné alors que le pays est plongé depuis deux semaines dans une grave crise politique qui fait craindre une résurgence des terribles violences confessionnelles des années 2006-2007. Si le pire semble passé, IBC ne se hasarde pas à parier sur une baisse des violences en Irak dans les années à venir. Selon l'organisation, 4.063 civils ont été tués en 2011, soit plus qu'en 2010 (4.045), selon des chiffres actualisés par IBC. «Le nombre de civils tués en Irak en 2011 est presque le même qu'en 2010. Il n'y a pas eu de tendance sensible à la baisse depuis la mi-2009», affirme IBC. «Les tendances récentes montrent la persistance en Irak d'un conflit de basse intensité qui va continuer à tuer des civils au même rythme dans les années à venir. Ces chiffres ne révèlent pas d'amélioration mais ce n'est que dans la durée qu'on saura si le retrait des forces américaines aura un effet sur le nombre de victimes», souligne le rapport. Le chiffre 2011 d'IBC est nettement plus élevé que celui publié dimanche par les autorités irakiennes, qui faisait état de 2.645 Irakiens tués dont 1.578 civils, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes. Le projet IBC a été lancé en janvier 2003 par des bénévoles britanniques et américains voulant «s'assurer que les conséquences humaines de l'intervention militaire en Irak ne seraient pas négligées».