«L'examen des dossiers et des recours se fait par des commissions locales au niveau des APC et des daïras» Les émeutes du logement nous rappellent que le fond du problème réside dans la gouvernance locale qu'il faut revoir totalement. «Nous, nous réalisons des logements c'est tout. Nous n'avons aucun lien et aucune prérogative sur leurs attributions.» C'est en ces termes qu'a répondu le ministre de l'Habitat Noureddine Moussa hier, quant au rôle de son département s'agissant des opérations d'attribution de logements. Le ministre a été interpellé suite aux derniers troubles de Laghouat, dites «émeutes du logement». «L'examen des dossiers et des recours se fait par des commissions locales au niveau des APC et des daïras», a répondu le ministre. Source de la plupart des émeutes qui marquent le pays depuis maintenant une année, sans répit, cette distribution pose un sérieux problème d'attribution. Mais qui est chargé de cette opération si délicate? Au fait, cela dépend de la nature du logement qu'il soit social, locatif aidé ou rural. Dans le cas du logement social, c'est une commission au niveau de la daïra composée d'élus locaux et renforcée par quelques notables ou comités de quartier à titre consultatif. Pour le logement socio-locatif aidé, il y a l'intervention du promoteur. La loi donne le droit à ce dernier de disposer de 10% de la liste de logements. Le reste des appartements est distribué de la même manière que les logements sociaux. C'est-à-dire une commission au niveau de la daïra, des élus locaux et des comités de quartiers. Pour le logement rural, l'Etat n'intervient que par une aide financière. Le reste est à la charge de l'acquéreur comme la main-d'oeuvre, l'assiette foncière et les travaux. Il convient de faire remarquer que pour le logement rural le problème ne se pose même pas. En effet, on a rarement entendu parler d'émeutes pour la mauvaise distribution du logement rural. Quelles que soient les réponses qu'on peut donner, cet état de fait est à méditer dans un pays où la société s'embrase pour quatre murs et un toit. Ensuite, il faut relever aussi la composante qui établit les listes des logements, l'administration représentée par le personnel de la daïra, les élus locaux censés être l'émanation directe du peuple et le comité de quartier ou les notables qui représentent la société civile. Comment imaginer la moindre contestation avec un pareil attelage? C'est qu'il y a une faille dans la cuirasse. Le véritable problème est donc au niveau du mode de gouvernance de la représentativité locale. N'est-ce pas parce que les élections sont truquées que la société civile n'est pas représentative? Depuis ces dix dernières années, le clientélisme et l'opportunisme sont érigés en culture nationale. Tant que cette culture n'est pas bannie, cette situation de fragilité sociale régnera à tous les niveaux. L'Etat construira des logements, la distribution se fera selon des critères subjectifs et les mécontents vont descendre dans la rue et la noria se poursuivra. Pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquent. A en croire les prévisions du ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme avec son plan d'amplification de la capacité de réalisation de logements en Algérie, il sera question de 270.000 unités par an, ce qui permettra d'atteindre l'objectif de livrer 1,2 million de logements à fin 2014. «Nous observons actuellement une cadence de réalisation intéressante. Elle s'améliore, mais nous devons atteindre le rythme de 270.000 logements par an pour être au rendez-vous de 2014», a affirmé hier Noureddine Moussa lors d'une réunion avec les cadres du secteur. La capacité actuelle de réalisation de logements en Algérie est d'environ 250.000 unités par an. Selon le ministre, «325.000 logements ont été mis en chantier en 2011 et 213.000 autres livrés durant la même année».