«Le ministère de l'Habitat nous a ignorés et nous ferons dans la réciprocité.» Prévue pour le 20 janvier vers le ministère de l'Habitat, la marche annoncée par le Conseil de l'ordre national des architectes algériens (Cnoaa), a été reportée au 29 janvier et s'orientera vers le Palais du gouvernement. «Le ministère de l'Habitat nous a ignorés et nous ferons dans la réciprocité.» C'est ainsi que les architectes ont expliqué le changement d'itinéraire de leur marche. Cette explication a été donnée aux journalistes lors d'un point de presse organisé hier, au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), à Alger. Venus en force des quatre coins du pays, les représentants locaux du Cnoaa, se sont élevés comme un seul homme pour «dénoncer l'arbitraire et la marginalisation». Athmane Touileb est allé droit au but: «Notre action est d'abord d'intérêt public. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes adressés aux médias afin d'expliquer notre action», dit-il. «Le pourrissement de la situation des architectes algériens est à déplorer. Ce qui se passe dans le secteur du bâtiment en Algérie est à dénoncer et nous voulons dénoncer la médiocrité étrangère au détriment des compétences nationales», a-t-il clamé. «Sur 12 000 architectes algériens qui sont agréés, il n'y a que 200 qui travaillent, le reste patine à longueur d'année dans de petits boulots saisonniers», à en croire les différents intervenants lors de la rencontre d'hier. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahya, a pourtant émis une circulaire depuis 2010 afin de réduire le recours aux bureaux d'études étrangers ainsi que d'autres actions qui vont dans le sens de la lutte contre la corruption et le transfert des devises à l'étranger. «Il se trouve que des responsables en charge de l'habitat ignorent royalement ces instructions en envoyant d'autres instructions aux bureaux de l'urbanisme des wilayas pour donner des autorisations ponctuelles au profit des organismes étrangers pour l'exercice de la profession d'architecte», dénoncent les intervenants citant une lettre datée le 25 mars 2011. Réf 2399 Pis encore, conformément à la loi en vigueur, «aucun architecte étranger ne doit exercer en Algérie sans l'autorisation du Conseil de l'ordre des architectes algériens, comme c'est le cas dans le monde entier», ont-ils relevé. La délivrance des autorisations aux architectes étrangers est centralisée au niveau de l'administration du ministère de l'Habitat. «Cette dernière est en déphasage total avec la réalité à cause de l'absence de dialogue et de concertation avec les architectes», notent les protestataires ajoutant qu'«il ne suffit pas d'avancer le nombre de logements construits, mais il faut revenir à tout le processus de la construction de ces logements, d'où le grand retard dans la réalisation du Programme du Président de la République», ont-ils déploré. Pour appuyer les thèses des architectes, on note que le marasme et les violences vécus dans les cités algériennes se caractérisent de manière générale par l'inadaptation des constructions à l'environnement. B. Brahim de Ghardaïa n'a pas hésité à qualifier les constructions inadaptées à l'environnement du pays de «crime contre la société». Au sujet des pseudo-divergences qui existent au niveau du Cnoaa, les architectes estiment que ces propos visent à diviser leur corporation. Dans le même ordre d'idées, le doyen du Conseil national des architectes et représentant du conseil local d'Oran (Cloao), Mohamed Ighmouracene, a rappelé que «nous avons élu le nouveau président Athmane Touileb sur la base des critères de compétences et d'honnêteté. Et ce en présence du ministre de l'Habitat et dans son bureau». Enfin, ils ont rappelé qu'ils marcheront ce 29 janvier vers le Palais du gouvernement, quelles que soient les conditions.