Les barons de ce marché clandestin, à l'origine d'une réelle surenchère sur les prix de certains modèles à succès A en croire les responsables des ventes auprès d'un concessionnaire leader du marché, le volume des ventes pour le seul compte des revendeurs atteint les 30%, ce qui est énorme! Les concessionnaires automobiles en Algérie sont unanimes à affirmer que les revendeurs privés chahutent leurs affaires «en organisant la pénurie». A les en croire, la toute dernière disposition interne de l'AC2A (Association des concessionnaires automobile d'Algérie) visant à «ne plus travailler avec les revendeurs», n'aura pas dissuadé les pontes du business parallèle de voitures. Ainsi, selon le responsable de la filiale d'un groupe automobile français, les barons de ce marché clandestin qui est à l'origine d'une réelle surenchère sur les prix de certains modèles à succès sont même parvenus à corrompre les données informatiques des concessionnaires. Notamment celles relatives à la disponibilité des véhicules les plus prisés par les consommateurs algériens. En effet, la montée en puissance du phénomène des revendeurs de véhicules neufs mine depuis quelque temps le marché automobile algérien. Cette nouvelle race d'hommes «qui aiment l'argent mais qui ignorent le vrai sens de métier de l'automobile» font un monopole en misant sur les spécimens les plus cotés. Sur leur tableau de chasse figurent les petites citadines, les berlines routières mais aussi les 4x4 et autres SUV qui suscitent l'engouement de clients fortunés qui ne regardent pas à la dépense. La couleur des berlines est l'autre paramètre sur lequel ils agissent également. Le ton en vogue est par exemple le blanc. Cette pratique, qui serait parfois encouragée par certains concessionnaires eux-mêmes, continue à pénaliser le client, en dépit donc de la toute dernière décision prise par les membres adhérents de l'AC2A, qui auraient décidé de mettre un terme à ce fléau qui se joue de la notion de service après-vente et de garantie auxquels a droit tout citoyen acquéreur d'un produit neuf. Ainsi, toutes les instructions aux commerciaux, via des décisions internes, de ne plus vendre plus d'un véhicule de la même catégorie à la même personne, auront été vaines, selon les informations recueillies auprès des professionnels. Les données informatiques parasitées Aujourd'hui, apprend-on auprès du responsable des ventes d'un concessionnaire qui représente une marque automobile incontournable en Algérie, le volume des ventes pour le seul compte des revendeurs atteint désormais la bagatelle des 30%! C'est énorme! s'exclame notre interlocuteur qui appelle à combattre cette menace. Selon lui, la meilleure parade consiste à investir les zones où activent traditionnellement ces vendeurs parallèles, c'est-à-dire toutes les régions où le classique réseau des concessionnaires est inexistant. «Il faut aller là où ces gens activent et proposer nos produits avec normes et garanties!» propose-t-il comme ultime solution qui permettrait d'anéantir ce trafic. «Cette faune de businessmen mue par le seul appât du gain et qui organise la pénurie doit être fermement combattue, il faut enrayer ce phénomène», poursuit-il en ajoutant que cette lutte doit être menée sur le plan du principe et de la politique. Au nom de la satisfaction client et de la défense du consommateur, une sérieuse réflexion doit être engagée par les responsables des ministères et ceux des services en charge de la lutte contre la fraude. Le même intervenant livre là un réel aveu d'impuissance face à un problème qui semble dangereusement dépasser les compétences des enseignes automobiles agréées. «Les concessionnaires ont contribué d'une manière involontaire à faire le lit de cette activité parasitaire. Il nous appartient aujourd'hui de fermer les portes à ces revendeurs qui perturbent en définitive le bon fonctionnement du marché. Et je tiens à souligner ici que la course effrénée des concessionnaires vers les meilleures places du podium et la publication de chiffres de ventes faussent les données réelles du marché et suscitent l'attention de ces intermédiaires qui exploitent sans plus tarder le déséquilibre créé entre l'offre et la demande sur certains produits et aggravent encore davantage la situation», avait déclaré Mohamed Baïri, désormais ex-président de l'AC2A. En somme, la vente de voitures en Algérie subit les coups répétés d'une mauvaise politique de prévoyance. Les concessionnaires en appellent donc presque à l'intervention de l'Etat qui donne l'impression de rester les bras croisés quant au devenir des vrais métiers de l'automobile, particulièrement les concessionnaires agréés qui sont, avant tout, pourvoyeurs d'emplois. Signalons que les prix des véhicules neufs augmentent chaque année, d'au moins 1%. Les pontes organisent la pénurie Cette hausse, somme toute normale, peut néanmoins être démultipliée par x% du fait des circuits parallèles de la vente des véhicules neufs. Actuellement, le coût des voitures a grimpé pour devenir pratiquement inaccessible aux petites bourses et aux revenus moyens. Pourtant, ce n'est pas encore la saison estivale qui connaît d'habitude ce genre d'envolée spéculative. L'appétit des revendeurs spéculatifs prend le dessus. Finalement, par moult subterfuges, les revendeurs imposent leur diktat.