Les concessionnaires automobiles ne désirent pas ouvrir une filière de vente de véhicules d'occasion portant respectivement leur marque. C'est là l'aveu d'un professionnel. Les principales raisons derrière ces réticences demeurent le manque à gagner. Une tournée chez des concessionnaires automobiles nous a permis de connaître les tenants et aboutissants de ce désintérêt vis-à-vis de ce secteur. . Les représentants des marques automobiles sont unanimes pour dire qu'investir dans le marché des voitures d'occasion n'est pas rentable, car le marché est désorganisé et non réglementé. Il se trouve aussi que l'activité d'importation des véhicules neufs est plus intéressante. Depuis l'interdiction de l'importation de véhicules de moins de trois ans, les concessionnaires ont fructifié leurs affaires réalisant un bon chiffre d'affaires jusqu'à atteindre les 2 milliards de dollars en 2008. Cela sans oublier les gains enregistrés annuellement dans l'entretien des véhicules neufs, en exigeant des propriétaires de ne pas consulter les ateliers hors réseau pour ne pas perdre la garantie octroyée lors de l'acquisition du véhicule. C'est là également un des arguments avancés par nos différents interlocuteurs pour expliquer qu'aucun concessionnaire n'a voulu investir dans cette filière de récupération des anciens véhicules. Absence de textes juridiques Si les concessionnaires représentant les marques automobiles en Algérie n'ont pas encore investi dans cette filière, c'est parce que les autorités n'ont pas prévu de textes juridiques, signale-t-on. Cela ne préoccupe pas outre mesure l'association des concessionnaires qui tient plutôt à la vente du neuf et à l'interdiction des moins de trois ans. Le président de l'AC2A, Mohamed Bairi, avait déclaré que les concessionnaires ont investi des sommes importantes aussi bien dans les implantations commerciales que dans les réseaux d'entretien et de pièces de rechange. Dans le but de respecter les dispositions du cahier des charges de concessionnaires éditées par les pouvoirs publics, l'AC2A a demandé aux autorités d'interdire l'entrée des anciennes voitures, notamment françaises. Cette attitude n'est pas pourtant profitable. A en croire un vendeur agréé par un concessionnaire, le marché des voitures de l'occasion, codifié et régulé, rapporterait entre 500 et 700 millions de dollars par an. Le potentiel d'acheteurs est énorme. Il suffit de se rendre dans les nombreux marchés hebdomadaires pour mesurer le poids de cette activité. Dans les pays européens, les constructeurs développent leur propre filière de voitures d'occasion permettant aux clients d'avoir le libre choix entre le neuf et l'usagé, avec des garanties.