L��volution exceptionnelle et inesp�r�e du march� de l�automobile en Alg�rie au cours de ces derniers mois n�a pas �t� sans susciter des convoitises de tout bord. En plus d�avoir apport� un cinglant d�menti aux attentes du gouvernement, elle constitue une aubaine pour une arm�e d�interm�diaires et d�importateurs de tout acabit de s�improviser concessionnaire automobile et inonder le march� avec des mod�les qui ne sont pas souvent adapt�s aux conditions de roulage locales. Une situation in�dite et en flagrante violation des textes officiels r�gissant le secteur de l�automobile dans notre pays. Tout un chacun aura en effet relev� l�arriv�e massive ces derniers temps de v�hicules neufs toutes cat�gories confondues venus essentiellement de France et d�Allemagne et propos�s dans la plupart des cas � des prix excessifs, compar�s � ceux pratiqu�s en Alg�rie. On les retrouve dans les march�s hebdomadaires, les espaces de stationnement, dans certaines rues qui se d�couvrent soudain une vocation commer�ante, rarement dans des salles d�exposition et exceptionnellement dans un show-room aux standards internationaux. Mais qui sont ces importateurs occasionnels qui semblent d�cid�s � arracher �leurs parts du g�teau� tout en d�fiant les lois de la R�publique ? Comment proc�dent- ils pour importer des dizaines de v�hicules de marques parfois install�es en filiale chez nous sans que ces op�rations ne suscitent l�attention des diff�rents services qui contr�lent les importations ? Les raisons de cette anarchie Une certitude, cependant, ces importations reposent sur l�existence d�un registre du commerce et d�un agr�ment d�ment �tabli par le minist�re de l�Industrie dans le cadre du cahier des charges. Et sur les 77 agr�ments �tablis, seuls une trentaine activent dans le respect de ces textes et sont connus du grand public. Le reste, et selon les premiers constats �tablis par certains observateurs, fait l�objet de multiples transactions occultes et de cessions � des tiers � des prix qui provoquent le tournis (1 milliard de centimes). D�embl�e, et faisant fi des dispositions de la loi, obligation de disposer de surfaces suffisantes (5 000 m2), de services apr�s-vente, de magasin de pi�ces de rechange, ces �concessionnaires � de la derni�re heure entreprennent avec succ�s l�importation de mod�les avec une c�l�rit� d�concertante qui tranche avec les lenteurs bureaucratiques impos�es aux repr�sentants officiels des diff�rentes marques. Il va sans dire que ces importateurs occasionnels ciblent les firmes et les mod�les qui sont le plus sollicit�s par les clients alg�riens pour s�assurer de l��coulement rapide de leurs produits. D�autant que chez les concessionnaires officiels, le manque de disponibilit� est devenu r�current et g�n�ralis� et a fini par entamer la patience des clients qui n�h�sitent pas dans le cas �ch�ant � se rabattre sur le r�seau parall�le. Mais la disponibilit� n�est pas pour autant la seule raison qui justifie le recours � ce commerce informel de l�automobile. Il en est ainsi d�un argument de taille mis en avant par les importateurs, � savoir �le lieu et la qualit� de fabrication� de ces v�hicules et leur dotation riche en �quipements les plus vari�s. Plusieurs marques sont concern�es par ce fl�au, Peugeot, Renault, Mercedes, BMW, Volkswagen, KIA, etc. Il est par ailleurs tout aussi �vident que l�activit� de ce r�seau est confort�e par une large complicit� qui leur permet de disposer de devises fortes aupr�s des banques publiques dans le cadre des domiciliations, de b�n�ficier du r�gime particulier lors des importations qui transitent � � tout seigneur tout honneur � par le port d�Alger alors que les autres sont orient�s vers Jijel et Mostaganem et l�exemption des contraintes de l�homologation par les services des mines et autres contr�les des repr�sentants du minist�re du Commerce. Absence flagrante de garantie Il est important de souligner �galement que ces v�hicules sont vendus sans la garantie d��tre pris en charge par des services comp�tents d�s lors que les importateurs ne tarderont pas � baisser les rideaux et laisser leurs clients sur le carreau. Ceci est encore plus inqui�tant quand on sait que ces voitures ne sont pas dot�es des modifications techniques pr�vues par le constructeur pour des pays comme le n�tre, renforcement du syst�me de refroidissement et de suspension et sont m�me �quip�es d��l�ments non encore suffisamment �prouv�s chez nous � l�image du filtre � particules. Sur une liste de quatre entreprises activant dans ce r�seau parall�le que nous avons vainement tent� de contacter, seule la soci�t� �NS� a r�pondu � nos appels. Son repr�sentant r�fute cat�goriquement les griefs retenus contre eux et insiste sur le fait que �nos v�hicules sont de meilleure qualit� et r�pondent aux attentes de nos clients�. Confirmant que son entreprise ne dispose pas encore d�un service apr�s-vente important, il pr�cise que les v�hicules b�n�ficient d�une garantie internationale valable dans tous les pays y compris l�Alg�rie. Nous ne terminerons pas ce chapitre sans �voquer le manque � gagner en mati�re de taxes, de TAP et d�emploi. Les revendeurs montent au cr�neau Par ailleurs, le march� de l�automobile est de plus en plus chahut� localement par la mont�e en puissance d�une nouvelle race de revendeurs de v�hicules neufs qui hantent les diff�rents show-rooms et qui imposent leur diktat. Comme les importateurs parall�les, ils pr�f�rent miser sur les mod�les � succ�s. Leur technique est simple mais infaillible. Ils commencent par gagner la confiance du concessionnaire avec des commandes all�chantes avant de s�imposer par une volont� claire d��tablir un monopole qui p�nalisera le client lambda � qui on propose des d�lais de livraison de plusieurs mois. Et gr�ce � la complicit� publiquement affich�e de certains agents commerciaux, le client press� est alors orient� dans les locaux m�mes du concessionnaire vers ce nabab qui exhibe sans vergogne une liasse de cartes jaunes vierges o� il aura juste � compl�ter le nom du client et exiger en contrepartie le paiement d�une plus-value de plusieurs millions de centimes. Les commandes sont alors dop�es et les pr�visions d�approvisionnement des concessionnaires sont de facto chamboul�es avec des arriv�es de plus en plus retard�es. Complaisants au d�but, les repr�sentants des constructeurs sont tr�s vite rattrap�s par l�incoh�rence de cette d�marche qui jette en d�finitive le discr�dit sur les marques pr�sentes. Conscients du danger imminent, certains et dans le cadre de l�association des concessionnaires, tentent de reprendre le contr�le et la ma�trise du processus de commande et de livraison et ont pris la d�cision de ne plus satisfaire les commandes globales de ces revendeurs. Mais c��tait compter sans leur capacit� d�adaptation et de rebondissement. Leur trouvaille, r�unir un grand nombre de copies de pi�ces d�identit� et perp�tuer, vaille que vaille, cette activit� particuli�rement lucrative et sans le moindre paiement de taxe. Ceci �tant, et si la responsabilit� de l�Etat est clairement engag�e dans le respect de ses propres textes l�gislatifs, celle des concessionnaires l�est encore davantage dans la r�duction des d�lais de livraisons et la constitution de stocks de disponibilit�s, seul moyen de couper l�herbe sous le pied � cette faune de pr�dateurs peu soucieux de la qualit� de service et de l�int�r�t du client. B. Bellil L�Association des concessionnaires rassure les clients Contact� par nos soins, le pr�sident de l�AC2A (Association des concessionnaires automobiles), Mohamed Bairi, et tout en confirmant l�existence de ces ph�nom�nes perturbateurs du secteur de l�automobile, estime que �la responsabilit� de l�Etat est enti�rement engag�e pour faire respecter par tous les textes qui r�gissent le secteur. Nous souhaitons que ces importateurs fassent l�objet des m�mes contr�les de la part des diff�rents services de l�industrie et du commerce que ceux impos�s aux concessionnaires officiellement install�s. Au-del� des conditions ill�gales de ces ventes, il y a un d�ficit important de taxes et de perte d�emplois �. Sur les �ventuelles mesures prises par l�association, notre interlocuteur nous informe que �nous avons convenu de ne plus prendre en charge dans le cadre de la garantie les v�hicules qui n�ont pas �t� vendus par nos structures�. Concernant le probl�me des revendeurs, M. Bairi reconna�t que �les concessionnaires ont contribu� d�une mani�re involontaire � faire le lit de cette activit� parasitaire. Il nous appartient aujourd�hui de fermer les portes � ces revendeurs, qui perturbent en d�finitive le bon fonctionnement du march�. Et je tiens � souligner ici que la course effr�n�e des concessionnaires vers les meilleures places du podium et la publication de chiffres de ventes faussent les donn�es r�elles du march� et suscitent l�attention de ces interm�diaires qui exploitent sans plus tarder le d�s�quilibre cr�� entre l�offre et la demande sur certains produits et aggravent encore davantage la situation�.