Avec une pareille prouesse, va-t-on accuser le gouvernement ou les autorités locales? Incroyable! Et pourtant dans la wilaya de Tizi Ouzou c'est bel et bien vrai. Ce qui ressortait ce jeudi du conseil de wilaya consacré aux prévisions des programmes de l'année en cours explique sinon justifie amplement les mouvements de contestation quotidiens. Les populations ont hélas de quoi s'inquiéter et certainement de quoi s'indigner. Pour les derniers exercices 2010 et 2011 aucun programme n'a été lancé. Sur les 48,7 milliards de dinars alloués, seulement 1,9 milliard a été dépensé, soit un lamentable taux de consommation de 2,4%. Face à cette situation, le wali n'a pas mâché ses mots pour expliquer cette entreprise de destruction. Abdelkader Bouazgui a qualifié certains directeurs de wilaya d'incompétents, rejetant par là même toutes leurs justifications. Les chiffres en question ont également été étalés sur la place publique pour recueillir les avis des citoyens. Avec une pareille performance, va-t-on accuser le gouvernement ou les autorités locales? La réponse coule de source. Ce sont les autorités locale qui ont failli et cela au dépend des populations qui souffrent le martyr. Un chômage galopant, des conditions de vies très difficile et une bureaucratie des plus terribles. Pourtant ce ne sont ni les compétences ni l'esprit d'initiative qui manquent dans cette wilaya. Tizi Ouzou a été classée durant trois années successives première dans les résultats du bac et elle vient d'être classée première en termes de création d'entreprises. Le problèmes réside donc au niveau des autorités locales, dont les directeurs de wilaya, qui doivent rendre des comptes à cette population. C'est de l'incompétence! Les chiffres corroborent la réalité du terrain et expliquent la colère grandissante des populations. Mais comme les chiffres en question se passent de tout commentaire, il nous a été plus judicieux de les étaler sur la place publique. Nous les avons donc mis à la connaissance des citoyens pour avoir leurs avis. «Moi, ça ne m'étonne pas. Ça se voit sur le terrain. Ce qui m'intéresse c'est de voir les responsables châtiés» Nous répond un receveur de bus privé à Ouacifs. Après cette escale au niveau des arrêts, nous avons jugé utile une tournée parmi les étudiants à l'université. «S'il est admis que ces responsables sont incompétents, pourquoi on les laisse donc occuper leurs postes?» s'interroge Hakim, étudiant en droit. «Pourquoi les renvoyer? Peut-être qu'on les paye justement pour faire ce travail», rétorque spontanément son camarade. «Non, ils sont juste incompétents. C'est le cas dans tous les domaines. Il n'y a que des incompétents et des khobzistes, si ce n'était pas le cas pourquoi alors les élus qui se disent sans pouvoir ne démissionnent-ils pas?», répond un autre étudiant. Nous avons alors porté les chiffres à d'autres catégories sociales. «C'est dommage pour notre pays. Et Dieu sait que des gens compétents partent dans d'autres pays à la recherche de cieux plus cléments; tous mes enfants ont fait l'université et sont tous partis en France», se lamente un vieil homme au jardin du Square, au centre-ville. «Dans notre jeunesse, on travaillait avec du «nif», nous exercions notre métier dans le but de nourrir nos familles mais aussi pour le développement de notre industrie nationale», se rappelle un ancien travailleur de Cotitex de Draâ Ben Khedda.
