Le chanteur sénégalais Youssou N'Dour, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée vendredi soir par le Conseil constitutionnel, a dénoncé un «coup de force» du président Abdoulaye Wade, autorisé à concourir pour un troisième mandat. «C'est un coup de force», a déclaré le chanteur, interrogé à Dakar par la chaîne de télévision française France 3, assurant que «ça ne passera pas». «Le Sénégal est un pays qui vote depuis longtemps. Toujours, il y a eu des problèmes électoraux. Et toujours le peuple a gagné», a-t-il ajouté. «Abdoulaye Wade n'aurait même pas dû déposer sa candidature, car la loi fondamentale dit qu'il n'en a pas le droit. Nous nous exposons à des tensions», a poursuivi le chanteur, dont la candidature a été jugée irrecevable quelques heures plus tôt par le Conseil constitutionnel du Sénégal. Le Conseil a motivé son refus de valider sa candidature en constatant qu'il «a produit une liste de 12.936 électeurs appuyant sa candidature, dont seulement 8911 ont pu être identifiés et leurs signatures validées», alors qu'il en faut 10.000 au minimum. «Je suis candidat et je le reste», a encore déclaré Youssou N'Dour, précisant qu'il avait «48 heures pour un recours» et que ses avocats étaient «en train de travailler dessus», avant d'ajouter qu' «il n'est pas possible de faire confiance» au Conseil constitutionnel. Dès l'annonce de la validation de la candidature du président Wade et du rejet de celle de Youssou N'dour, des jeunes rassemblés depuis des heures sur une place de Dakar à l'appel de l'opposition ont jeté des pierres sur les policiers qui ont riposté à coups de gaz lacrymogène et de matraque. Les jeunes ont également mis le feu à des pneus et des courses-poursuites entre eux et les policiers se sont engagées dans les rues adjacentes à la Place de l'Obélisque.