Le chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade, qui a annoncé qu'il se représenterait à la présidentielle de février, a déposé sa candidature controversée au Conseil constitutionnel qui devra trancher sur sa validité à la fin de la semaine, a annoncé hier son Premier ministre. «Nous sommes optimistes quant à la recevabilité» de cette candidature qui «remplit toutes les conditions fixées par la loi», a dit Souleymane Ndéné Ndiaye, également directeur de campagne du président Wade, cité par une radio locale et l'agence de presse sénégalaise. Il a affirmé que, quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, elle sera acceptée par M.Wade et ses partisans. Agé de 85 ans, élu une première fois en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour cinq ans, M.Wade est candidat à un nouveau mandat de sept ans après modification de la Constitution. Cette candidature provoque une vive polémique et alimente les tensions depuis plusieurs mois au Sénégal: partisans et opposants du chef de l'Etat divergent sur l'interprétation de la Constitution, l'article relatif au mandat présidentiel ayant été modifié deux fois depuis 2001. Le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines, William Fitzgerald, a jugé lundi «regrettable» que M.Wade ait décidé de se représenter et qu'il aurait dû prendre sa retraite «pour protéger et soutenir une bonne transition dans la démocratie au Sénégal, dans le calme et la sécurité». L'ex-puissance coloniale française a refusé de prendre position sur cette candidature, estimant que c'était aux Sénégalais d'en décider. Le Conseil constitutionnel doit décider à la fin de la semaine qui, de la vingtaine de candidats annoncés, peut se présenter et sa décision concernant la validité de la candidature de M.Wade fait craindre de nouvelles violences politiques après celles qui s'étaient produites en décembre à Dakar. Les candidats ont jusqu'à demain pour déposer leur candidature. Parmi les principaux figurent trois anciens Premiers ministres de M.Wade devenus opposants, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall. Egalement en lice, la star de la chanson Youssou Ndour et Ousmane Tanor Dieng, dirigeant du Parti socialiste (PS, opposition) qui a dirigé le Sénégal pendant quarante ans, de 1960 à 2000.