Construit à coups de milliards et destiné à semer et à faire s'épanouir la culture, cet espace se meurt. S'étalant sur une superficie de plusieurs centaines de mètres carrés où se concentrent hall d'exposition, salles conçues pour des ateliers artistiques, une bibliothèque, une salle de lecture, une cafétéria aménagée, une salle de spectacle d'une capacité de 900 places, la maison de la culture de Béjaïa, bâtie à coups de milliards, se meurt aujourd'hui. Cette superstructure destinée à semer et faire s'épanouir l'art de la peinture, de la poésie, de la musique, de l'art traditionnel et de lecture n'est en réalité qu'un caveau où gît la culture. Si au début de la réalisation de cet établissement les manifestations culturelles étaient déjà rares, aujourd'hui elles ont disparu. Depuis l'inauguration de ces espaces les événements pseudo-culturels se résument aux journées du HACA, de l'Enfant, de la Journée mondiale de l'eau, aux soirées musicales durant le mois de ramadan et de temps à autre, cet espace est loué à certains libraires qui viennent y écouler leurs livres. Le citoyen entre-temps, à la recherche d'occupations culturelles contemple l'établissement de l'extérieur s'interrogeant sur l'utilité d'un tel espace dans une ville où le vide culturel se fait sentir alors qu'au moyen-âge cette cité a joué un rôle important dans la transmission du savoir, ville où ont séjourné d'illustres personnages scientifiques et littéraires à l'exemple du mathématicien italien Leonardo Fibonnaci, du philosophe Raymon Lulle, du métaphysicien andalou Ibn Arabi, de l'historien Ibn Khaldoun ainsi que des personnalités religieuses. La période estivale aurait pu être le tremplin pour relancer l'activité culturelle de la maison de la culture et retrouver sa véritable vocation ; en effet, il aurait suffi d'initier des «kaâdate» au niveau de l'Esplanade où chaque semaine une région serait représentée et faire de ce lieu un carrefour culturel qui aurait permis le soir aux milliers de familles venues d'autres régions et à celle de Béjaïa de se détendre et de s'imprégner de la diversité culturelle que renferme le pays. Le constat amer de l'exploitation de la maison de la culture pénalise le secteur et le citoyen. Ce dernier, en attendant, continuera à zapper sur les chaînes de télévision étrangères.