«Ce n'est pas tous les jours que l'on voit la capitale et sa banlieue couvertes de blanc» La célébration de la naissance du Prophète (Qsssl) a été moins «pétaradante» cette année grâce à la magie de la neige... Une fois n'est pas coutume, le Mawlid Ennabaoui a été fêté avec des boules de neige en lieu et place des pétards... En effet, l'euphorie de voir les villes algériennes recouvertes d'un manteau blanc a captivé les esprits qui ont oublié leurs «traditionnels» jeux avec des produits pyrotechniques pour les remplacer par le lancer des boules de neige. A la grande joie des parents, les batailles à coups de pétards ont laissé place aux batailles de boules de neige. «On dirait la Noël. C'est sublime», lance Nesrine, étudiante, qui était en pleine mêlée «de neige» avec sa petite soeur. «Pour une fois, nous les filles, on a fêté le Mawlid Ennabaoui», ajoute t-elle avec un clin d'oeil qui en dit long sur sa joie. «Oui, d'habitude il n'y a que les garçons qui s'amusent pendant le Mawlid Ennabaoui, mais cette année c'est différent», se réjouit quant à elle, Lila, la petite soeur de Nesrine. «On a aussi eu notre fête sans se faire agresser par les pétards», explique-t-elle. La créativité a également remplacé les «pétards mouillés» par la neige puisque de nombreux, adultes comme des enfants, ont laissé parler leur talent pour imaginer toutes sortes de bonhomme de neige. «Ce n'est pas tous les jours que l'on voie la capitale et sa banlieue couvertes de blanc, alors on en profite», explique de son côté Mounir jeune cadre commercial qui nous a fait admirer sa «créature». La créativité des jeunes algériens ne s'est pas limitée au bonhomme de neige. A défaut d'avoir des luges et des skis et adeptes du système D, ils ont trouvé le moyen de se débrouiller pour s'amuser comme des fous. Carton, bidon en PVC... tout ce qui est lisse et qui glisse était bon pour une belle glissade digne des «X-Games». «On se défoule comme on peut, on rêve des sports d'hiver mais que voulez-vous, on fait avec les moyens du bord. On a pas le choix vu que l'Etat ne nous fournit aucun loisir», assure Kamel. Les bambins n'étaient pas en reste de cette joie d'un Mawlid blanc, bien au contraire, ils étaient les plus heureux. «Et tes pétards où sont-ils?», avons-nous demandé à Adam un enfant de 8 ans. «Les pétards... il y a la neige, c'est mieux que les pétards», nous répond-il avec une étincelle aux yeux qui témoigne de la magie de ce Mawlid blanc. «Oufff, la neige nous a sauvés en faisant oublier à nos gamins les jeux avec des produits pyrotechniques», témoigne d'un air soulagé, Ali, qui tenait par les mains ses deux enfants. «Non seulement je n'ait pas dépensé de l'argent inutilement pour des pétards, mais je vais passer une soirée sans m'inquiéter qu'un pétard ne blesse un de mes gosses», atteste-t-il. «Regardez l'exultation de mes enfants qui n'ont jamais vu de neige de leur vie, n'est-ce pas mieux que des pétards?», nous dit Samir un autre père de famille qui était accompagné de sa femme, Lamia. «On rêvait de les emmener voir cet hiver la neige, mais voilà que comme cadeau de Mawlid, Dieu nous l'a envoyée jusqu'à nos foyers. Saha Mouloudkoum», dit ravie Lamia avec un large sourire. Toutefois, la neige n'a pas fait que des heureux. Les marchands ambulant de pétards sont les victimes collatérales des petits flocons blancs. «La neige nous a fait perdre de l'argent puisque on a eu beaucoup d'invendus à cause d'elle cette année», rapporte Islam un marchand ambulant de produits pyrotechniques qui a installé son étal au marché de la rue Amar-Ali, à la Casbah, plus communément appelé Djamaâ Lihoud qui est la «Mecque» des amateurs de produits pyrotechniques. «Le mauvais temps et la neige ont commencé juste au moment où les affaires sont censées décoller. Les 4 jours qui précédent le Mawlid sont normalement les plus fructueux, malheureusement les intempéries ont tout gâché», peste son ami Mohamed. Mais les choses ne sont pas aussi dramatiques qu'elles le paraissent puisque avant le début de la vague de froid ils avaient fait leur beurre. «On a vendu assez, avant le début des intempéries, pour rentrer dans nos frais. En plus, ce n'est pas perdu, il nous reste les fêtes et les supporters de football pour liquider notre stock...», poursuit-il confiant. Néanmoins, malgré les misères que la neige a fait aux marchands de «pétards» cela ne les a pas empêchés de participer aux jeux de neige. Tout comme cette neige et ce froid glacial n'a pas empêché certains chauvins qui n'ont rien changé à leurs habitudes. Puisque quelques Boum! Clac ont brisé le silence de cette nuit glaciale qui a été chaude pour les Algériens, avec ou sans pétards... En tout cas, une chose est sûre, le mauvais temps a atténué les accidents liés aux produits pyrotechniques qui ont été moins nombreux que d'habitude. Alger la Blanche a donc retrouvé sa blancheur, dans tous les sens du terme, le temps d'un Mawlid inoubliable...