Cette année, comme de coutume, les marchands de ces produits se sont approvisionnés quelques mois avant l'arrivée de Mawlid. Chaque année, et à l'approche de la fête religieuse du Mawlid Ennabaoui, des retentissements assourdissants de produits pyrotechniques sont entendus çà et là dans toutes les régions du pays, et la capitale n'est pas écartée de ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Cette année, comme de coutume, les marchands de ces produits se sont approvisionnés quelques mois avant l'arrivée du Mawlid. Les pétards partagent ainsi les étals avec le tabac. Une simple virée dans les ruelles d'Alger et dans les marchés informels nous fait découvrir l'ampleur que prend ce phénomène qui est en passe de devenir une tradition «religieuse». Ce genre de marché aussi insignifiant soit-il, s'avère d'une importance économique inouïe pour les initiés. Il vise les «petits» consommateurs, ce qui fait que la demande est de plus en plus importante et les amateurs du marché informel trouvent dans ce genre de marchandise un commerce alléchant et juteux. «C'est à prendre ou à laisser, je ne négocie pas, 30 DA le pétard. C'est cher ? Alors ne prenez pas», martèle un commerçant à un père de famille qui dit ne point pouvoir résister à la demande de ses enfants qui ne cessent de lui réclamer ce genre de jeux. D'où détiennent-ils toute cette marchandise ? Inutile d'en chercher l'origine. Elle demeure mystérieuse, toutes les tentatives à entreprendre dans ce sens resteraient vaines. Il existe un réseau national d'importation et de distribution, difficile à démanteler, de ces produits pyrotechniques. D'autant plus que les chemins tortueux suivis par les distributeurs pour infiltrer leurs marchandises rendent les choses si compliquées, notamment pour les services douaniers qui entendent mener une enquête sérieuse et approfondie dans ce sens. Ainsi, selon des sources douanières, les «importateurs» de pétards ont réussi à infiltrer frauduleusement des quantités importantes de ces produits pyrotechniques pour les distribuer ensuite sur les marchés informels. Les procédures suivies dans leur besogne demeurent inconnues des services des douanes et ce, malgré la vigilance de ces derniers qui ont réussi, faut-il le souligner, à déjouer les plans de plusieurs réseaux de contrebandiers. Dernièrement, les éléments de la Gendarmerie nationale ont réussi, au cours d'un contrôle policier effectué à Birtouta, à saisir une quantité de 11.342 pétards. Et ce cas n'est que minime comparé à ceux enregistrés dans les autres régions du pays. Aussi, l'année dernière, les services des douanes ont fait main basse sur une quantité de 10 millions et 300 mille unités de pétards et ce, à un mois seulement de la fête du Mawlid. Cette marchandise, saisie au niveau des frontières algéro-tunisiennes et dans les enceintes portuaires du centre et de l'ouest du pays, d'une valeur marchande estimée à 15 milliards de centimes. Notons que les prix de ces produits marquent une nette diminution par rapport à ceux de l'année dernière. Mais leur dangerosité a doublé. Ceci paraîtrait plus clair si on prenait en considération le nombre de blessés enregistré, notamment parmi les enfants. Ainsi, selon des sources hospitalières, en moyenne 5 à 7 personnes se rendent quotidiennement à l'hôpital pour d'éventuels soins suite aux blessures causées par les pétards. Par ailleurs, ces jeux pour enfants, introduits dans les enceintes même des établissements scolaires, se sont avérés très nuisibles. A cet effet, à en croire des sources bien informées, certains établissements ont convoqué des parents d'élèves et leur ont fait signer des engagements selon lesquels ils se portent garants de la non-utilisation par leurs enfants des pétards dans les enceintes scolaires. Rappelons, enfin, et pour des raisons sécuritaires, qu'un texte de loi interdisant l'importation de ce genre de marchandise avait été promulgué juste après le déclenchement des évènements qui ont endeuillé le pays pendant dix ans.