Malgré les prêches des imams dans les mosquées et la mise en garde de la Protection civile, beaucoup d'Algériens n'ont pas résisté à la tentation d'acheter des pétards et de les offrir à leurs enfants. En effet, depuis quelques années, le Mawlid Ennabaoui est fêté par des explosions de pétards et de feux d'artifices. Cette « tradition » n'a pourtant aucun fondement religieux. Elle n'est connue d'aucun verset coranique ou hadith. Elle profite cependant aux marchands du temple qui font du business. Durant la nuit de mercredi à jeudi, les pétards tonnent de partout, au détour d'une ruelle, sur les places publiques et sur les balcons des immeubles. Des adolescents s'en donnent à cœur joie sans en mesurer les dangers. Pas une seconde ne passe sans qu'une explosion ne retentisse. Dans les rues, des débris de papiers rouges s'entassent et une odeur de soufre envahit peu à peu la ville. Un vent de folie s'empare de la rue. Les détonations pouvaient parfois atteindre l'ampleur d'une petite bombe... On a du mal à croire que les pétards sont un produit interdit par la loi. Les marchands de pétards et autres articles pyrotechniques écoulent la marchandise comme des petits pains. « Nous n'avons pas besoin d'user d'arguments », souligne l'un d'eux du côté d'El Biar. Les pétards perturbent la quiétude des citoyens, incommodent au plus haut point les malades et constituent une pollution sonore. « Les pétards sont des minibombes. Je me demande quel est le rapport entre la célébration de la naissance du Prophète de l'Islam et ces engins ? Où est la dimension spirituelle ? », s'interroge un sexagénaire. Du côté des urgences au niveau des hôpitaux, il semble que cette année, il y a eu moins de monde. Les médecins et le personnel paramédical ne crient pas victoire. « Le pic est enregistré à partir du moment où les gens commencent à faire exploser les pétards, c'est-à-dire entre 18h et 20h. Il n'y a pas eu des traumatismes ni de plaies en rapport avec les pétards ou les jeux dangereux, mais il ne faut pas être content car généralement on reçoit d'abord les malades qui habitent les environs d'Alger et le lendemain ou le surlendemain, on reçoit ceux qui viennent de l'intérieur avec généralement des traumatismes et le risque est la surinfection », a déclaré un médecin lors d'un reportage de Canal Algérie. Les pétards peuvent entraîner des cécités et plusieurs malades ont dû recourir par le passé à la greffe de la cornée. Par ailleurs, la direction générale de la Protection civile a précisé que durant la célébration du Mawlid Ennabaoui, 15 personnes ont été blessées suite à l'utilisation de produits pyrotechniques et 14 autres suite à l'explosion de gaz de ville d'un immeuble aux Tagarins (Alger). La Protection civile a, en outre, enregistré 28 incendies dont 9 situés dans des habitations qui ont été éteints par leurs unités dans les localités d'El Makaria, La Casbah, Alger-Centre, Aïn Naâdja, les Anasser (Ruisseau), Sidi M'hamed et Birkhadem.