Tout le monde semble oublier qu'en Algérie, à chaque fois qu'il y a précipitation de neige, c'est un certain désordre sinon le chaos qui règne parfois. Des villages, voire des communes, ont été coupées du monde durant une à deux semaines (plus de gaz butane, plus de denrées de base, pour certaines plus d'électricité). Pis encore, d'aucuns se posent la question des sans-abri en cette période de grand froid. Le site Web du ministère de la Solidarité nationale ne marche même pas. Les internautes déplorent le fait qu'aucune information utile n'est disponible, les numéros verts n'existent même pas. Ironie du sort, on peut lire clairement: «Vos dons peuvent être versés au Fonds spécial de la Solidarité nationale.» Sur la Toile, les populations tentent de se connecter, de s'informer, de lancer des SOS de détresse, etc. Depuis le début de cette vague de froid, des jeunes étudiants ont lancé une collecte de couvertures, vêtements et denrées alimentaires au profit des SDF d'Alger. En effet, les SDF et des sans-abri sont abandonnés à leur triste sort. Pour leur venir en aide, un groupe de jeunes étudiants a pris l'initiative de faire une collecte de couvertures (usagées ou... neuves), vêtements en tous genres (hommes, femmes, enfants), et des denrées alimentaires (brique de lait, boîte de thon en conserve, maïs, paquets de biscuit, des fruits, banane, pomme, orange, etc.). «Nous proposons de faire la collecte et de tout distribuer aux SDF», expliquent les initiateurs de cette action sur leur page Facebook. Ils lancent un appel pour rassembler des «couvertures, vêtements, ou nourriture». Pour les contacter et les aider, il suffit de visiter leur page Facebook. A l'Etat la responsabilité d'une réelle prise en charge. Il est effarant de constater l'inexistence d'une véritable politique sociale. La «solidarité», souvent de façade, construite sur un ton moralisateur ne peut être une solution globale et efficace. Ce dont il est question, «c'est des moyens humains, des structures adaptées. Des hébergements d'urgence, des travailleurs sociaux, un personnel spécialisé qualifié. Voilà ce qui fonde une vrai, politique de prise en charge des sans-abri», signifiera un membre du groupe des jeunes étudiants. Il suffit de trois jours de froid et de neige pour que tout le nord du pays bascule dans l'isolement. Jadis, les drames du froid étaient subis exclusivement par quelques bourgades enclavées dans quelques régions reculées dans les hautes altitudes de certaines wilayas. Aujourd'hui, même en moyenne et en basse altitudes, tout le monde a eu à goûter la vraie saveur d'une neige qui enchante, puis isole et parfois tue. Si les regards se sont braqués sur la capitale, avec la neige à Hydra, au boulevard des Martyrs ou à Kouba, le drame est surtout ailleurs, dans le reste du pays. Il suffit de se brancher sur la Télévision ou la Radio nationales pour évaluer l'ampleur de l'oubli du reste du pays. Il suffit de quelques coups d'appels téléphoniques dans les autres wilayas pour mesurer la détresse des populations. C'est de la non-assistance à populations en danger. Pas moins de 21 wilayas du pays sont touchées par les importantes chutes de neige qui se sont abattues ces trois derniers jours: routes coupées, trains annulés, vols domestiques et internationaux retardés et annulés, villes et villages isolés, c'est tout le nord du pays qui est paralysé. Il faut s'attendre au pire, puisque les prévisions météo indiquent que neige, grêle et pluie persisteront jusqu'à mercredi prochain.