Tout le monde croit en ses chances. De la cinquantaine de partis qui vont se lancer «à l'assaut» de l'APN, en mai prochain, pas un seul ne veut croire à son élimination. Pas un seul ne veut donner l'impression d'avoir quelques appréhensions sur son ancrage dans la société. Ils partent tous gagnants. Ils le clament, ils le revendiquent. Hier, Abdelmadjid Menasra, leader du nouveau parti le Front du changement, est allé jusqu'à dire: «C'est moi ou le chaos!». Pour lui, s'il perd les élections, ce sera la faute à la fraude. Il entend par là que c'est le seul moyen qui pourrait lui barrer la route. Donc, le «coupable» est déjà pointé du doigt. C'est l'administration. C'est l'Etat. C'est l'Algérie. Il se met dans la peau du FIS de 1990 qui justifie sa responsabilité dans la tragédie qui a endeuillé les Algériens durant plus d'une décennie par le fait d'avoir été frustré d'une victoire certaine aux législatives de 1991. Menasra n'est cependant pas seul dans ce cas. Dans sa famille politique, on ne compte pas moins de huit partis à avoir les mêmes convictions que lui. Huit partis «islamistes» à se mettre chacun dans la peau du FIS. Il est vrai que tous les Algériens sont musulmans. Sauf que la confusion consisterait à croire qu'ils sont idéologiquement islamistes. Tout le monde a l'air d'oublier qu'en 1990, c'est grâce au vote sanction contre le FLN que le FIS a réalisé un bon score au premier tour. Le deuxième tour n'ayant pas eu lieu. Aujourd'hui, les choses se présentent autrement. Il n'y a pas de parti dominant, honni par le peuple. Le temps des idéologies aussi a fait son temps. Le vent de liberté qui souffle dans notre pays depuis deux décennies a balayé bien des illusions. Aucun Algérien n'acceptera d'y renoncer. Ni au profit des islamistes, ni à celui des laïcs (version anti-religieux), ni à celui des trotskistes, ni à aucune autre idéologie quelle qu'elle soit. L'Islam n'a nullement besoin de partis, surtout dans un pays musulman comme le nôtre, pour le défendre. Par contre, le pays a grandement besoin de partis purement nationalistes. Comme l'était le FLN d'avant l'Indépendance. Dans un environnement mondial très agité et incertain où plane en permanence la menace d'agression étrangère, un rassemblement des forces patriotiques raflerait à coup sûr l'adhésion de l'immense majorité des électeurs. Les occasions où tout le monde a pu constater l'extraordinaire élan patriotique des Algériens n'ont pas manqué pour qui sait voir. Un élan qui demande à être encadré, structuré, canalisé. Malheureusement Belkhadem a entraîné le FLN vers d'autres combats qui ne figurent pas sur son «extrait de naissance», sur la déclaration du 1er Novembre 1954. Patriotisme, justice sociale, garanties des libertés sont les trois axes d'un combat qui ne s'est pas achevé en 1962. Il continue. L'Islam fait partie de notre identité au même titre que l'amazighité et l'arabité. Une identité enracinée depuis des millénaires et qui n'a besoin d'aucune formation politique pour la protéger. La meilleure preuve est à tirer du siècle et demi de colonisation française qui n'a jamais pu mettre en péril cette identité. Ce n'est pas les groupuscules laïcs (version anti-religieux) qui risquent aujourd'hui de réussir là où la 5e puissance du monde a échoué. Le «marché» des voix a changé en Algérie. Les convictions des Algériens ne sont plus au bout d'un laser. L'Islam a fini d'être, en Algérie, un fonds de commerce. C'est cette spécificité algérienne que beaucoup n'arrivent pas à comprendre. Abdelmadjid Menasra est en retard de plusieurs guerres. En mai, ce ne sera ni lui, ni le chaos!