«Si les élections sont libres et transparentes, la mouvance islamiste se classera en tête.» L'affirmation est de Abdelmadjid Menasra, porte-parole du Front national pour le changement (FNC), formation politique issue du MSP, en quête d'agrément actuellement, et qui est prête à s'allier même avec les «laïcs» pour aboutir au changement «voulu par le peuple». Abdelmadjid Menasra, qui s'exprimait hier sur les ondes de la Chaîne I de la radio nationale, est convaincu : «Les islamistes sont aujourd'hui une réalité incontournable dans la société. Ce n'est pas nouveau. La nouveauté qui doit y avoir aujourd'hui, eu égard aux développements sur la scène arabe, c'est de donner la liberté au peuple de choisir ses représentants. Si les prochaines élections sont libres et transparentes, comme le promet le chef de l'Etat, la mouvance islamiste se classera en tête», a tranché l'invité de la radio, tout en rappelant que «depuis 1992», avec la sinistre victoire du FIS, qui a abouti à la décennie noire, les islamistes ont toujours eu des scores «honorables». Il tempérera cependant ses propos en déclarant que les islamistes seront en tête «mais ils ne sont pas majoritaires dans la société où on trouve tous les courants». Pour Menasra dont la formation politique attend toujours son agrément, «qu'on aura grâce à la force de la loi», a-t-il commenté, «il ne faut pas avoir peur des islamistes. Il ne faut pas avoir peur de la démocratie». Pour lui, l'expérience algérienne en termes d'«islamisme aveugle» a été édifiante. La participation du MSP dont il était cadre au gouvernement était «pour sauver la République», a-t-il expliqué, affirmant que l'Etat était en guerre «contre le terrorisme mais pas contre l'islam». Mais à ses yeux, la suite avec notamment un MSP à sa tête, Soltani «était une routine» destinée à appuyer le programme du Président, «pas plus». Le dissident du MSP affirme que sa nouvelle formation politique est en quête d'alliances avec tous les courants de l'opposition «pour réaliser le changement escompté par le peuple». Par courant de l'opposition, Menasra n'exclut ni les ex-militants du FIS, ni les laïcs. «Tous ceux qui partagent nos idées de changement sont les bienvenus. Qu'ils soient des anciens militants du FIS qui n'ont pas de sang sur les mains ou des militants du RCD», a-t-il précisé avant d'expliquer que le divorce d'avec le MSP a fait perdre beaucoup à sa nouvelle formation politique. «Le regretté Nahnah était dans le gouvernement mais il n'était pas à-plat-ventriste», a commenté l'invité de la radio décochant ainsi des flèches à Soltani qu'il soupçonne d'exercer des pressions via l'administration à l'encontre de sa formation politique. «On n'était pas obligés de rester dans un parti qui coule», a-t-il encore dit. Menasra, qui considère que les réformes politiques sont celles de l'alliance présidentielle, estimera par ailleurs que c'est à l'Etat de garantir la transparence du scrutin synonyme de participation massive des citoyens au vote. «Le régime a dénaturé la vie politique», a-t-il encore commenté, tout en réitérant son appel à «l'opposition» pour exercer une pression sur le pouvoir qui doit accepter «le changement pacifique», car à ses yeux, «finie la légitimité historique».