Il n'est pas pour nous rappeler les discours enflammés de l'ex-FIS qui vouait à la géhenne tous ceux qui ne se conformaient pas à la chari'a islamique. A quoi joue le leader du nouveau parti le MPC, non encore agréé, Abdelmadjid Menasra? Après avoir souhaité une «République islamique» lors d'un rassemblement de ses militants vendredi dernier à Boumerdès, il récidive cette fois-ci en montrant du doigt les laïcs qu'il qualifie de «traîtres». C'est une véritable fetwa politique que ce transfuge du MSP vient de lancer indirectement à l'encontre des partis de la mouvance démocratique dans un quotidien francophone en les accusant directement de «traîtres par rapport à nos martyrs qui se sont sacrifiés pour l'Islam et pour la Nation». Cette grave dérive idéologique n'est pas pour nous rappeler les discours enflammés des anciens leaders de l'ex-FIS qui vouaient à la géhenne tous ceux qui ne se conformaient pas à la chari'a islamique ou aux précepts de l'islam rigoriste. Ce discours de 20 ans en arrière rappelle ceux prônés par les dirigeants de l'ex-FIS qui excluaient tout le monde et où la démocratie était considérée comme kofr. A l'écouter, on croirait entendre les imprécations des anciens leaders islamistes de l'ex-FIS dont les dérives verbales ont plongé le pays dans des épisodes sanglants. Et on a vu depuis où cela a mené le pays. Une dérive terroriste qui a fait plus de 200.000 morts, des pertes financières estimées à des milliards de dollars et un retard considérable dans le développement du pays. La Nation algérienne continue aujourd'hui à payer ce lourd tribut. Les Algériens assistent depuis quelque temps à des gesticulations théâtrales autour des thèmes d'actualité comme le projet de loi portant abolition de la peine de mort et celui portant Code de la famille. La comédie ne fait guère rire. Ces nouveaux hommes politiques ayant fait irruption sur la scène politique n'ont qu'une seule obsession: exister tout simplement! Et pour cela, ils sortent de leurs vieux cartons les sempiternelles «revendications» d'un autre âge. Cela va de soi pour toute personne ordinaire. Mais c'est loin d'être évident quand il s'agit d'un homme politique ayant occupé le poste de ministre de la République. Et ce qui est déplorable, voire inquiétant dans cette situation de «surenchère verbale» autour de ces projets de textes de loi, c'est la propension de certains acteurs politiques à prêcher l'extrémisme le plus violent et le plus sectaire. Traiter des gens de «traîtres» sans connaître la vraie signification du mot «laïc» équivaut à faire un procès à sens unique contre une personne sans défense ou à prononcer un jugement sans appel sur un condamné sans que celui-ci bénéficie des droits les plus élémentaires comme celui de s'assurer par exemple la présence d'un avocat. Il est grand temps que cette situation change. Les déclarations tout à fait fallacieuses et totalement tendancieuses, proférées à l'emporte-pièce par des personnes peu crédibles, ne sauraient tromper, encore moins mobiliser les Algériens qui aspirent aujourd'hui à vivre en paix et profiter des bienfaits d'une stabilité chèrement acquise. Les autorités du pays doivent à l'avenir prendre des mesures radicales pour «éradiquer» du discours politique les anathèmes et autres procès en sorcellerie proférés par des leaders en mal de reconnaissance. Et parmi les mesures d'abord le refus de toute autorisation administrative pour tenir des réunions ou des meetings avant d'avoir le fameux récépissé du ministère de l'Intérieur. Car il s'agit bien d'une violation de l'article de la Constitution qui énonce que le pays est un Etat démocratique et républicain. Les plus hautes autorités du pays sont censées y mettre le holà sachant que ce parti n'est pas encore agréé. Des autorisations administratives lui sont octroyées au moment où d'autres formations politiques en attente d'agrément sont interdites de toute manifestation publique. La loi devrait s'appliquer à tous, sans exception.