Le chef d'un nouveau parti islamiste, le Front du changement, Abdelmadjid Menasra, a averti mardi qu'une éventuelle fraude électorale aux élections législatives de mai en Algérie risquait de provoquer une "explosion sociale" dans le pays. "Le peuple va sanctionner l'actuelle majorité (parlementaire) et une éventuelle fraude provoquerait une explosion" sociale, a déclaré cet ancien ministre sous le président Abdelaziz Bouteflika. L'actuelle assemblée nationale est dominée par le Front de Libération nationale (FLN, nationaliste) et le Rassemblement national démocratique (RND, libéral) du Premier ministre Ahmed Ouyahia. "Je conseille au ministre de l'Intérieur (Daho Ould Kablia) de ne pas brouiller les électeurs car ses déclarations peuvent être interprétées comme un indice d'une élection jouée d'avance", a ajouté M. Menasra dont le parti tiendra son congrès constitutif dans quelques jours. M. Ould Kablia avait écarté récemment une victoire islamiste aux législatives en Algérie, à l'instar de la Tunisie et du Maroc. Pour M. Menasra au contraire, "il est tout à fait naturel que les islamistes remportent la majorité car il est illogique que les Algériens votent en faveur des partis du pouvoir et des laïcs". "La nature n'a pas changé en vingt ans et une victoire des islamistes est une réalité. Personne ne peut ignorer ce qu'a récolté le Front islamique du Salut" (Fis, dissous) en 1991, a rappelé M. Menasra. Il faisait allusion aux premières élections législatives pluralistes tenues en décembre 1991 qui avaient été annulées entre les deux tours alors que le FIS était en passe de les remporter. M. Menasra partage les vues d'un autre islamiste, le radical Abdallah Djaballah, qui s'apprête à également lancer un nouveau parti. Ce dernier avait estimé fin janvier que les islamistes obtiendraient la majorité. M. Menasra est le chef de file des dissidents du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) resté au gouvernement avec quatre portefeuilles mais sorti de l'Alliance présidentielle qui réunit le FLN et le RND. Le Front du changement tiendra son congrès constitutif les 17 et 18 février après avoir reçu l'aval du ministère de l'Intérieur dans le cadre de réformes politiques sous l'égide du président Bouteflika pour éviter une contagion du