Personnage très influent dans toute la région de Kabylie, il fut l'un des principaux précurseurs du savoir à son époque. Si une question devait être posée par un enseignant de tamazight à ses élèves sur les plus célèbres trois poètes kabyles anciens, la réponse serait évidente et coulerait de source. N'importe quel élève imprégné saura citer: Si Mohand Ou M'hand, Cheikh Mohand Oulhocine et enfin Youcef Oukaci. Ce dernier est sorti de l'anonymat grâce à l'apport de quelques chercheurs et surtout de Mouloud Mammeri dans son célèbre livre détonateur des événements du Printemps berbère d'avril quatre-vingt, «Poèmes kabyle anciens». Mais, à l'unanimité, un constat est irréfutable: peu de choses ont été dites ou écrites sur Youcef Oukaci. Une association qui porte son nom dans la commune de Timizart N Sidi Mansour (wilaya de Tizi Ouzou) tente, autant que faire se peut, de perpétuer son nom à travers, entre autres, l'organisation annuelle de journées de poésie kabyle. Sur le terrain de la recherche, celui qui dure, il y a encore du pain sur la planche. Youcef Oukaci mérite plus, diront les universitaires du domaine berbère. Tel que le souligne son biographe, grand poète de la tradition orale, Youcef Oukaci n'est pas seulement guerrier et stratège mais aussi un sage, un fédérateur attitré et un meneur d'hommes. Personnage très influent dans toute la région de Kabylie, il fut l'un des principaux précurseurs du savoir à son époque, maniant le vers et le verbe avec une dextérité déconcertante. Selon plusieurs témoignages et des informations concordantes, Youcef Oukaci est né à Ath Guaret, dans la Confédération des Ath Jenad aux environs de 1680 et dès son jeune âge, le poète fut entouré de beaucoup d'attention et d'affection et reçut une éducation exemplaire, sa famille étant convaincue qu'il était prédestiné à un avenir prometteur et à un rang des plus convoités dans la société. Le biographe de Youcef Oukaci ajoute que, investi d'une large autorité et présent dans tous les secteurs de la vie active, Youcef Oukaci est devenu par la force des choses, un personnage incontournable, dans tous les règlements de conflit et différents qui opposaient les villages et autres tribus de l'époque. «Sa seule présence dans une situation, quelle que soit son degré de gravité, est parfois synonyme d'apaisement et de réconciliation, voire un signe de bonne volonté, de la part des gens ayant loué ses services, aux fins de trouver une solution intermédiaire pour le règlement définitif du problème ou du conflit», souligne Mohamed Ghobrini.Les écrits sur Youcef Oukaci se comptent sur les doigts d'une seule main. Ces derniers le décrivent en revanche comme étant la première référence crédible d'une épopée ayant marqué la naissance et le début d'une ère nouvelle dans toute la région de Kabylie. Sa vie est jalonnée de hauts faits d'armes et de bravoure. Youcef Oukaci tenait viscéralement aux coutumes laissées par ses aïeux. Il joua un rôle déterminant et prépondérant dans le maintien de ces traditions et dans leur perpétuation. «Chargé par les différents groupes de défendre les intérêts communautaires, il n'hésita pas à faire le ménage dans la «maison» kabyle en introduisant certains éléments nouveaux tout en éliminant d'autres qu'il aura jugé inadéquats eu égard à la situation», ajoute l'auteur du «Cavalier poète». Comme beaucoup de grands hommes ayant marqué l'Histoire, les circonstances de la mort de Youcef Oukaci demeurent mystérieuses. «La logique voudrait qu'un homme légendaire de cette dimension et de cette ossature ne puisse disparaître d'une manière anonyme et quitter la vie sans que l'information ne parvienne dans tous les villages et hameaux de la Kabylie», explique le même auteur. Après avoir été réclamé par chacun des villages composant la confédération, et de peur de voir son corps exhumé et volé par l'un ou l'autre, on décida de l'inhumer la nuit même de sa mort et en pleine forêt.